La Belette

Mustela nivalis (Linne, 1766)
c'est la "belle petite bête" (CABARD P. & CHAUVET B., 1998)

Carnivores > Mustelides

Sa distribution et ses populations

Son aire de répartition est très vaste et englobe toutes les régions froides et tempérées de l’hémisphère nord. Elle a été introduite en Australie et en Nouvelle-Zélande. Elle est présente dans toute l’Europe sauf en Islande et en Irlande, depuis le niveau de la mer jusqu’à 2 700 m d’altitude. Elle est présente sur le territoire européen de la France (métropole) y compris en Corse.

Sa Biologie

Description

La belette est le plus petit mammifère carnivore du monde. Sa taille varie de façon importante selon les régions : une forme naine vivant au nord de l’Europe et une forme dite normale au Sud (elle est un peu plus grosse en Corse). Son pelage est brun roussâtre sur le dessus du corps et blanc sur le dessous, avec une ligne de démarcation irrégulière sur les flancs. Sa queue est courte et de couleur uniforme (ce qui la distingue de l’hermine dont la queue est plus longue et terminée par un pinceau noir et avec qui elle peut être confondue lorsque l’hermine est en pelage d’été). La mue a lieu deux fois par an au printemps et en automne et provoque des changements de coloration, de longueur des poils et d’épaisseur de la fourrure. Le dimorphisme sexuel est très prononcé chez la belette comme en témoignent les mensurations indiquées : la femelle pèse moitié moins que le mâle pour une taille à peine inférieure.

 
Poids 60 à 170 g 35 à 90 g
Longueur tête et corps 18 à 23 cm 16 à 19 cm
Lougueur de la queue 5 à 6,5 cm 4 à 5,5 cm
Longévité très courte ( 3 ans maxi)

Activité saisonnière et reproduction

La reproduction de la belette est caractérisée par une maturité sexuelle précoce (4 mois), une taille des portées élevée (2 à 10 jeunes) et la participation à une ou deux reproductions dans l’année. Cette stratégie de reproduction rapide est nécessaire pour compenser une durée de vie courte.

La période du rut a lieu au printemps, en mars-avril, l’ovulation est induite par l'accouplement, la gestation dure environ 35 jours, et les mises-bas ont lieu d’avril à septembre. La mortalité est importante et peut varier de 75 à 90%. C'est la conséquence directe des variations des ressources alimentaires (variation des populations de proies). Le renouvellement des populations de belette est très rapide.

03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02
Printemps Eté Automne Hiver
rut        
  mise-bas    

Ses populations fluctuent, en effet, selon les cycles pluriannuels des populations de rongeurs (campagnol des champs), dont le rythme varie de 2 à 4 ans selon les régions.

Elle n’hiberne pas et la conservation de la température corporelle est un problème pour un animal de cette taille qui ne peut faire que des réserves de graisse limitées. En hiver, elle limite ses déplacements lors des froids intenses.

Maturité sexuelle 4 mois
Nombre de portée par an 1 à 2
Nombre de petits par portée 2 à 10
Durée de la gestation
(ovulation induite par l'accouplement)
34 à 37 jours
Taux de survie juvénile ?
Taux de survie adulte 10 à 25 %
Sex-ratio 75 % - 25 %
Structure des populations 59 à 80 % de juvéniles (< 1 an)

Activité journalière

La belette a une activité polyphasique nocturne et quelquefois diurne, en particulier l’été. Ses déplacements, de moins d’une heure en général, sont séparés par des périodes de repos au gîte. L’importance de ses excursions dépend de l’abondance des proies et des conditions climatiques, les intempéries la rendant plus sédentaire.

Organisation sociale et spatiale

Le système social repose sur la territorialité intra-sexuelle : mâles et femelles adultes vivent en général en solitaires et le territoire d’un mâle couvre celui d’une ou plusieurs femelles. Le système territorial semble lié à la densité d’individus plutôt qu’à la disponibilité en proies. Les jeunes sont élevés par la femelle jusqu’à l’âge de 9 à 12 semaines ; le sevrage est progressif et débute dès 3 à 4 semaines. L’émancipation des jeunes commence dès 2 mois et demi environ. La population est en permanence composée de sédentaires, mâles et femelles adultes, de résidents temporaires (le plus souvent des mâles adultes ou juvéniles) et d’erratiques.

La belette utilise différents terriers (de rongeurs) répartis sur son territoire dont la taille varie selon les sexes et l’abondance des ressources alimentaires. Le territoire des femelles (1,5 à 8 ha) est plus restreint que celui des mâles (7 à 15 ha) et la dimension des territoires diminue avec une augmentation des proies. Les densités peuvent varier de 0,2 (faible densité des proies) à 20 (lors d’une pullulation de campagnols des champs) belettes par km².

Régime alimentaire

La silhouette fusiforme de la belette est adaptée pour visiter les galeries des petits rongeurs. Capable de passer dans un trou de 15 mm de diamètre, la belette chasse les rongeurs dans leurs propres galeries, sous terre, sous les tas de branches ou sous la neige. Le campagnol des champs représente 60 à 99 % de son régime alimentaire en France. Elle se nourrit occasionnellement d'oiseaux, de jeunes lagomorphes, de taupes, de musaraignes, de batraciens, de reptiles et de poissons. Elle constitue d’importantes réserves de proies à proximité de ses gîtes et a l’habitude de tuer des proies en quantité supérieure à ses besoins immédiats. La belette est un prédateur qui chasse le plus souvent au sol. Le mouvement de la proie déclencherait l’attaque mais l’odorat et l’ouïe interviennent également. C’est un réflexe de chasse qui fait que tant que des proies bougent, la belette continuera à les poursuivre.

Son habitat

La belette est inféodée à la présence des petits rongeurs. Ubiquiste, elle fréquente des milieux de plaine et montagne, ouverts et fermés mais il est vrai qu’elle est en moindre abondance dans les grandes forêts et en haute montagne. On l’observe fréquemment près des habitations, sur les chemins, le long des murs, des haies et des broussailles.

Les menaces

Si l’influence de l’abondance des proies est connue sur la dynamique des populations de belettes, l’impact d’autres facteurs limitants reste à montrer. La super-prédation par le renard et les rapaces, et la compétition avec l’hermine seraient deux facteurs non négligeables en particulier lors des phases de déclin de densités. Dans certaines régions, les campagnes de destruction des rongeurs par l’utilisation de raticide pourraient être une menace directe pour la belette, qui est sensible à des doses faibles d’anticoagulant. Les aptitudes de la belette à la vie souterraine lui ont permis de mieux s'adapter que l'hermine aux zones remembrées car elle trouve facilement des gîtes dans les galeries de rongeurs.

Ses Impacts sur le milieu ou les activites humaines

La prédation de la belette sur les élevages avicoles reste difficilement quantifiable par manque d’outil simple permettant une quantification précise des pertes et une reconnaissance fiable des prédateurs en cause.

L’impact de la prédation de la belette sur le gibier reste méconnu en raison de la complexité des études prédateurs-proies et de la multitude des situations rencontrées. Compte-tenu de sa taille et de son régime alimentaire, la prédation exercée par la belette ne peut être que marginale et limitée dans le temps (phase de déclin et de faible abondance de rongeurs en milieux ouverts) et pourrait concerner les lapereaux, les levrauts, les poussins et œufs d’oiseaux nichant au sol (perdrix).

Ses indices de presence

Le crâne

Les empreintes et voies

Chaque pied de la belette porte 5 doigts griffus. Son empreinte mesure 1 cm de large pour 1,5 à 2 cm de long.

Lors des trajets qu’elle effectue sous la neige, la belette se déplace par bond dont la longueur est en moyenne inférieure à 30 cm. Les trous qu’elle creuse dans la neige sont obliques (alors que ceux de l’hermine sont verticaux).

Les fécès

D’un diamètre de 2 à 3 mm, elles sont plus ou moins cylindriques, torsadées et effilées à une extrémité. Leur longueur oscille entre 3 et 8 cm.

Bruits et cris

Sifflements, pépiements et brefs cris aigus. Les jeunes pépient.

Son statut juridique

La belette est espèce chassable (AM du 26 juin 1987Télécharger l'arrêté) sur le territoire européen de la France (pour les autres territoires voir arrêté spécifique).

Elle figure sur la liste nationale des espèces susceptibles d’être classée nuisible du 30 septembre 1988Télécharger l'arrêté et peut donc être classée dans le département. En Bourgogne et Franche-Comté, la belette est classée nuisible du 1er juillet 2007 au 30 juin 2008 sur tout le département de l’Yonne et est restreint, en Saône-et-Loire, aux abords des élevages de volailles et de petits animaux et des élevages de petits gibier. Tous les modes de destruction autorisés peuvent être utilisé.

Elle ne fait plus partie de l'arrêté ministériel fixant la liste des mammifères protégés par l'arrêté du 23 avril 2007 alors qu'elle était protégée par l’article 3 de l’arrêté ministériel du 17 avril 1981. Elle figure désormais sur l'arrêté ministériel relatif à la protection et à commercialisation de certaines espèces de mammifères (AM du 29 avril 2008Télécharger le fichier pdf de cet arrêté) : la mutilation, la naturalisation (sauf pour le compte de l’auteur de la capture à des fins strictement personnelles), la détention, le transport, le colportage, l’utilisation commerciale ou non, la vente, la mise en vente, l’achat de spécimens sont interdits.

Elle figure également sur la liste des espèces nuisibles en zone de chasse maritime du 30 juillet 1975 (destruction au fusil autorisée par le détenteur du droit de chasse en période de chasse).

Enfin, elle est inscrite à l’annexe III (espèce de faune protégée) de la convention de Berne : elle fait l'objet d'une règlementation, afin de maintenir l'existence de ces populations hors de danger (interdiction temporaire ou locale d'exploitation, règlementation du transport ou de la vente...).

Carte de repartition des observations de belette en Bourgogne et Franche-Comte entre 2001 et 2006

en rouge, observation d'un individu vivant et en bleu, observation d'un individu mort

Carte de repartition de la belette en france

Un peu de bibliographie...

BOUCHARDY C. & MOUTOU F., 1989. Observer les mammifères sauvages. Edition Bordas. 239p.

BOUCHARDY C. DELATTRE P., 1986. La Belette. Office national de la chasse, fiche techique n°28. 4p.

CABARD P. & CHAUVET B., 1998. Etymologie des noms de mammifères. Eveil Nature. 239p.

DELATTRE P., 1987. La belette (Mustela nivalis, Linnaeus, 1766) et l’hermine (Mustela erminea, Linnaeus, 1758). Société d’Etude et de Protection des Mammfières de France (SFEPM). Encyclopédie des carnivores de France, n°11 et 12. 74p.

LE GARFF B. & CONSTANT P., 1990. Connaître et reconnaître les traces d’animaux. Edition Ouest-France. 110p.

MAYOT R., 1994. Guide des crânes de Mammifères. La Gazette des Terriers. 42p.

RUETTE S., 2002. Les petits carnivores, élément de biologie, gestion de l’espèce et de ses habitats. Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). 24p.

RUETTE S., F. LÉGER, M. ALBARET, P. STAHL, P. MIGOT & P. LANDRY, 2004. Enquête sur la répartition de la martre, de la fouine, de la belette, de l'hermine et du putois en France. Faune Sauvage, 263:28-34 et 265:80.

SAINT GIRONS M.C. & MOUTOU F., 1998. La belette. Eveil Nature - Approche. 72p.

© Virginie CROQUET 2008