La Martre

Martes martes (Linné, 1758)
marte, martre noble (CABARD P. & CHAUVET B., 1998)

Carnivores > mustelides

Sa distribution et ses populations

La martre est présente sur presque toute l'Europe occidentale jusqu'en Sibérie occidentale où la zibeline, une espèce proche, la remplace. Elle est absente dans le sud de l'Espagne, en Grèce et en Islande.

En France, elle est bien représentée dans l'est du pays, et les principaux massifs montagneux. Ailleurs, sa présence est plus ou moins liée aux massifs forestiers. Elle est absente du Nord de la France et du littoral méditerranéen.

Sa Biologie

Description

La martre est un petit carnivore brun foncé, à la silhouette allongée et court sur pattes. La queue touffue représente un tiers de la longueur totale. Les mâles sont plus lourds que les femelles.
La martre peut être confondue avec la fouine. Les critères morphologiques habituellement utilisés pour distinguer les deux espèces sont :
- la forme et la couleur de la bavette, orangée et couvrant la gorge pour la martre, blanche et étendue aux avant bras pour la fouine ;
- un système pileux développé qui recouvre les pelotes digitales pour la martre alors que les pelotes sont nues chez la fouine ;
- une fourrure de couleur uniforme brune, soyeuse et dense chez la martre, des flancs plus clairs chez la fouine.
- la longueur de l’os pénien inférieure à 4,5 cm pour la martre et supérieure à 6 cm pour la fouine.
Ces critères connaissent de nombreuses variantes et l’examen de la dentition et du crâne est parfois nécessaire.

 
Poids 1,2 à 2,5 kg 0,8 à 1,4 kg
Longueur tête et corps 40 à 55 cm
Lougueur de la queue 20 à 27 cm
Longévité 8 à 13 ans

Activité saisonnière et reproduction

Les martres atteignent la maturité sexuelle à 1 – 1 an ½. L’accouplement a lieu en juillet–août, la mise-bas en mars-avril, neuf mois plus tard. La durée de gestation est de 63 jours et intervient après 7 mois de latence embryonnaire. Le nombre de jeunes par portée est en moyenne de trois (2 à 7). La lactation dure 2 mois. Les jeunes sont élevés par la femelle jusqu’à l’âge de 5 à 6 mois. Ils commencent leur émancipation en se déplaçant à l’intérieur du domaine vital de la mère puis en multipliant progressivement les excursions hors de ce territoire. Les jeunes sont alors nomades, jusqu’au moment où ils trouveront un territoire pour s’établir. La durée de vie est assez longue. Les taux de survie par classe d’âge et de sexe n’ont pas été établis en nature.

03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02
Printemps Eté Automne Hiver
    rut    
mise-bas        
      émancipation des jeunes    

 

Maturité sexuelle 1 - 1 ½ an
Nombre de portée par an 1
Nombre de petits par portée 2 à 7 (moy 3)
Durée de la gestation
(ovo-implantation différée)
63 jours
Taux de survie juvénile ?
Taux de survie adulte ?
Sex-ratio ?
Structure des populations ?

Activité journalière

La martre est un prédateur principalement nocturne. L’activité est maximale au crépuscule et en fin de nuit. Si l’activité est constante en été, au cours de l’hiver, durant les nuits plus longues, l’activité alterne avec des phases de repos. Les déplacements quotidiens peuvent être importants, de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres et augmentent beaucoup en hiver, certainement du fait de la recherche plus difficile des petits mammifères.

Organisation sociale et spatiale

Le système social repose sur la territorialité intra-sexuelle : mâles et femelles adultes vivent en général en solitaires et le territoire d’un mâle couvre celui d’une ou plusieurs femelles. La taille du domaine vital varie de quelques dizaines à plusieurs centaines d’hectares suivant les conditions de milieu, le sexe (domaine vital plus grand chez les mâles) et l’age des animaux (domaine vital plus restreint chez les adultes que les jeunes ou subadultes). La densité des populations reste encore méconnue. Les données publiées varient de 0,8 à 1 individu adulte établi par km².

Régime alimentaire

La martre est un prédateur généraliste, dont le régime alimentaire est très proche de celui de la fouine. Il recouvre une grande diversité de proies et d’aliments qui varie en fonction des saisons. Il se compose de trois grandes catégories où les p etits mammifères représentent la plus grande part du régime (plus de 80%) et est essentiellement constituée de petits rongeurs (campagnols) ; les autres espèces étant des lagomorphes (lapins), des écureuils. Les oiseaux et les œufs constituent une nourriture importante en fin d'hiver et au printemps, moment où ils sont les plus vulnérables. Enfin, les fruits sont surtout consommés pendant l'été et au début de l'automne, périodes pendant lesquelles ils peuvent représenter plus de 70 % du régime. Les vers de terre, les insectes (surtout au printemps) et les charognes sont d’autres éléments qui entrent parfois dans son régime alimentaire.

Son habitat

La martre est inféodée aux milieux forestiers de plaine ou de montagne, qu'il s'agisse de conifères, de feuillus ou de forêts mixtes. Elle fréquente plusieurs gîtes dans son domaine, dont la majorité se trouve à la cime des arbres, dans des cavités de troncs ou dans de vieux nids d’oiseaux et d’écureuils.

Les menaces

Espèce forestière, la martre est potentiellement sensible à la disparition des paysages forestiers mais aucune donnée ne permet de mesurer cette sensibilité. En outre, l’espèce se rencontre dans des paysages forestiers morcelés.

Les prélèvements de martres par piégeage ou chasse restent méconnus à l’échelle du territoire national. Des estimations réalisées à partir d’enquêtes montrent un prélèvement minimum de 10 500 martres par le piégeage (saison 1996/1997) et de 21 200 individus par la chasse à tir (saison 1998/1999). Aucune donnée ne permet actuellement de mesurer l’impact de ces prélèvements sur les populations de martres mais il semble que le piégeage relativement diffus en France n’est pas une menace pour l’espèce, alors qu’en Grande Bretagne, l’impact négatif du piégeage intensif a été démontré sur cette espèce.

Ses Impacts sur le milieu ou les activites humaines

La prédation de la martre sur les élevages avicoles reste difficilement quantifiable par manque d’outil simple permettant une quantification précise des pertes et une reconnaissance fiable des prédateurs en cause.

L’impact de la martre sur les espèces gibier reste également méconnu en raison de la complexité des études prédateurs-proies et de la multitude des situations rencontrées. L’impact de la prédation, parfois important, des petits carnivores a été montré dans des situations où la qualité de l’habitat était faible, pour des populations de proies isolées et peu abondante et/ou en cas d’absence de ressources alternatives pour le prédateur. Compte-tenu de sa biologie et de sa distribution en France, la prédation de la martre doit s’exercer principalement sur les oiseaux nichant au sol, en particulier tétraonidés (Grand Tétras, Petit Tétras et Gélinotte), phasianidés et perdrix et sur les lagomorphes (lièvre variable en zone de montagne).

Ses indices de presence

Le crâne

Le crâne de la martre ressemble en tout point à celui de la fouine lorsqu’on l’observe de profil. Pour les distinguer, il faut retourner et le regarder par dessous.

La présence d’une pointe en arrière du palais (1) atteste du fait que le crâne appartient bien à la martre. Par ailleurs, la molaire (2) (c’est la dernière dent) a un bord extérieur légèrement convexe (bombé vers l’extérieur).

Les empreintes et voies

Chaque pied de la martre a cinq doigts, mais l’empreinte n’en laisse apparaître que quatre le plus souvent. Elle mesure 4 à 5 cm de long pour 3 à 4 cm de large. Les pelotes digitales sont velues et rend l’empreinte moins nette que celle d’une fouine.

Les fécès

Les laissées mesurent 10 cm de long pour 1 cm de large et contiennent beaucoup de poils et de plumes. Extrêmement torsadées, elles sont souvent repliées sur elles-mêmes et effilées à une extrémité. On les découvre tous les 100 à 200 m sur les cemins forestiers, à même le sol ou en évidence sur un monticule ou une pierre, ou encore en tas à la fourche des branches ou sur les rochers surplombant le paysage.

Bruits et cris

La martre est généralement silencieuse mais elle peut émettre des cris perçants pendant le rut.

Son statut juridique

C'est une espèce chassable (AM du 26 juin 1987Télécharger l'arrêté) sur le territoire européen de la France (pour les autres territoires voir arrêté spécifique) et susceptible d’être classée nuisible (AM du 30 septembre 1988Télécharger l'arrêté) ;

Elle ne fait plus partie de l'arrêté ministériel fixant la liste des mammifères protégés par l'arrêté du 23 avril 2007 alors qu'elle était protégée par l’article 3 de l’arrêté ministériel du 17 avril 1981. Elle figure désormais sur l'arrêté ministériel relatif à la protection et à commercialisation de certaines espèces de mammifères (AM du 29 avril 2008Télécharger le fichier pdf de cet arrêté) : la mutilation, la naturalisation (sauf pour le compte de l’auteur de la capture à des fins strictement personnelles), la détention, le transport, le colportage, l’utilisation commerciale ou non, la vente, la mise en vente, l’achat de spécimens sont interdits.

Elle est inscrite à l’annexe III (espèce de faune protégée) de la convention de Berne : fait l'objet d'une règlementation, afin de maintenir l'existence de ces populations hors de danger (interdiction temporaire ou locale d'exploitation, règlementation du transport ou de la vente...) et à l’annexe V de la directive Habitat-Faune-Flore : espèce animale d’intérêt communautaire dont les prélèvements dans la nature et l’exploitation sont susceptibles de faire l’objet de mesures de gestion.

Carte de repartition des observations de belette en Bourgogne et Franche-Comte entre 2001 et 2006

en rouge, observation d'un individu vivant et en bleu, observation d'un individu mort

Carte de repartition de la martre en france

Un peu de bibliographie...

BANG P. & DAHLSTROM P., 1999. Guide des traces d'animaux. Les indices de présence de la faune sauvage. Delachaux et Niestlé. coll. Les guides du naturaliste. 264p.

BOUCHARDY C. & LABRID M., 1986. La Martre. Office national de la chasse, Fiche technique n°33. 4p.

BOUCHARDY C. & MOUTOU F., 1989. Observer les mammifères sauvages. Edition Bordas. 239p.

CABARD P. & CHAUVET B., 1998. Etymologie des noms de mammifères. Eveil Nature. 239p.

DEOM P.. Le dossier secret des "animaux malfaisans et nuisibles". Editions Passerage - La Hulotte. n° 44. 48p.

LABRID M., 1986. La martre (Martes martes Linnaeus, 1758). Encyclopédie des carnivores de France n° 9. Société d’étude et de protection des mammifères. 22p.

LE GARFF B. & CONSTANT P., 1990. Connaître et reconnaître les traces d’animaux. Edition Ouest-France. 110p.

MAYOT R., 1994. Guide des crânes de Mammifères. La Gazette des Terriers. 42p.

RUETTE S., 2002. Les Petits carnivores, élément de biologie, gestion de l’espèce et de ses habitats. ONCFS. 24p.

RUETTE S., F. LÉGER, M. ALBARET, P. STAHL, P. MIGOT & P. LANDRY, 2004. Enquête sur la répartition de la martre, de la fouine, de la belette, de l'hermine et du putois en France. Faune Sauvage, 263:28-34 et 265:80.

© Virginie CROQUET 2008