Le Blaireau

Meles meles (Linné, 1758)
"blaireau" est la forme actuelle de blairel (1312) et de blairiau (1387-1391) (CABARD P. & CHAUVET B., 1998)
femelle = blairelle - jeune = blaireautin

Carnivores > mustelides

Sa distribution et ses populations

L’aire de répartition du blaireau s’étend de l’Europe à l’Est du continent asiatique où elle est limitée au Nord par la Sibérie et au Sud par la chaîne himalayenne. Il est présent dans toute l’Europe exceptée au Nord de la Scandinavie, l’Islande et quelques îles méditerranéennes dont la Corse, la Sicile et la Sardaigne. Le blaireau se rencontre partout en France, sauf en Corse et ne dépasse pas 2 000 m d’altitude.

Sa Biologie

Description

Son corps massif, ses pattes robustes et sa queue courte donnent au blaireau un air pataud. Son corps est couvert d’une fourrure grise faite de longs poils raides.

La tête blanche est rayée par deux bandes noires très visibles qui partent légèrement au-dessus du museau englobant les yeux et rejoignent les épaules derrière les oreilles.

 
Poids 9 à 20 kg 6,5 à 13,9 kg
Longueur tête et corps 61 à 72 cm
Lougueur de la queue 15 à 20 cm
Longévité 15 à 20 ans maxi

Activité saisonnière et reproduction

Chez le blaireau, la maturité sexuelle est atteinte à deux ans et il y a une portée par an de 2 à 7 petits.

Maturité sexuelle 2 ans
Nombre de portée par an 1
Nombre de petits par portée 2 à 7 (moy 3)
Durée de la gestation
(ovoimplantation différée)
2 mois
Taux de survie juvénile (< 1 an) 40 % à 50 %
Taux de survie adulte 30 %
Sex-ratio 40 % - 60 %
Structure des populations 25 à 35 % de jeunes de l'année, 25 % de 1 an et 50 à 50 % d'adultes

L’accouplement a lieu de janvier à mars, l’ovule est fécondé mais le développement va être bloqué pendant 10 mois (ovoimplantation différée) pour ne s’implanter qu’en décembre dans la paroi utérine. La gestation vraie dure deux mois. La proportion de femelles gestantes est susceptible de varier considérablement, en relation probable avec les conditions trophiques et de densité.

03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02
Printemps Eté Automne Hiver
rut            
  mise-bas      

Activité journalière

C’est un animal nocturne qui passe sa journée au terrier. Dès sa sortie du terrier, le toilettage occupe en général plusieurs minutes, il sort au crépuscule pour se rendre sur des zones d’activité précises afin de rechercher la nourriture en empruntant des cheminements réguliers.

Organisation sociale et spatiale

Le blaireau vit en groupe ou clans familiaux qui occupent un terrier principal et fréquentent un territoire commun. Il apparaît que la composition des groupes et la surface des domaines dépendent de la densité de population et des ressources alimentaires. Les blaireaux d’un clan délimitent leur domaine par des marquages olfactifs, les sentiers et les latrines sont abondants et mieux marqués aux limites de domaines.

En général, les zones forestières sont plus peuplées que les habitats ouverts. Cette densité peut varier entre 0,1 et 4 à 5 individus au km².

Régime alimentaire

Le blaireau est omnivore et s’adapte donc aux ressources locales saisonnières. Son régime alimentaire est varié : insectes, petits mammifères, fruits, graines de maïs, blé, avoine, raisin, tubercules, batraciens et cadavres. Dans tous les cas, la consommation de vers de terre est importante et liée à la pluviométrie.

Son habitat

Le blaireau habite des milieux très divers : forêts de feuillus, bocage, landes ou prairies, même si les endroits boisés sont fréquentés préférentiellement. Le blaireau fréquente peu les villes et les villages où il occupe néanmoins les talus boisés, les friches ou les jardins abandonnés lorsqu’il est présent. En montagne, le blaireau se rencontre couramment jusqu’à 1 600 – 1 700 m mais quasiment jamais au-delà de 2 000 m d’altitude.

Le blaireau est un excellent fouisseur qui aménage des terriers vastes et complexes : plusieurs chambres tapissées de végétaux secs, sont reliées entre elles par un réseau inextricable de galeries qui peut descendre à plusieurs mètres sous terre. Deux types de terriers sont distingués selon leur importance. Le terrier principal comprend plusieurs entrées ou « gueules » d’un diamètre de 20 à 30 cm selon la nature du terrain et l’ancienneté de l’établissement du site ; on compte assez souvent 3 à 8 gueules mais il n’est pas rare d’en compter beaucoup plus (trente à quarante pour les plus anciens). Le nombre de gueules est plus lié à l’ancienneté du site qu’au nombre d’individu qui l’occupe. L’entrée du terrier est caractérisée par une « gouttière » profonde qui partage en deux l’imposant tas de déblais évacué devant la gueule. Les terriers secondaires sont plus petits et comportent une ou deux gueules. Ils sont disséminés dans le territoire du groupe d’animaux occupant le terrier principal et leur utilisation est discontinue.

Le choix de l’habitat est déterminé par certains facteurs prioritaires : nature du sol , structure de la végétation, sécurité des lieux, proximité de l’eau et des ressources alimentaires. Les blaireaux placent leurs terriers sur des terrains meubles faciles à creuser, et à flanc de coteau, sur des pentes ou des talus afin de faciliter le drainage de l’eau et l’évacuation des déblais lors du creusement. Lorsque le terrier est proche des habitations humaines, il est caché dans des broussailles d’accès difficiles.

Les menaces

Le blaireau a peu de prédateurs en France sur les territoires où le loup et le lynx sont absents. Seuls les jeunes sont quelques fois tués par les renards, les chiens errants et l’aigle royal, mais l’impact de ce prélèvement est négligeable. Les maladies parasitaires ou virales auxquelles le blaireau est vulnérable ne semblent pas être en mesure de limiter efficacement ses populations. Le blaireau peut être victime de la rage et le passage de la maladie associé aux opérations intensives de gazage ont amené, dans certaines régions, les populations à un niveau critique. Aujourd’hui, le gazage étant interdit, les populations ne sont plus soumises à cette pression.

Un nombre croissant de blaireaux (30 000 ind./an) périssent en raison de collision routière, surtout au printemps et en automne, probablement en raison de la mobilité accrue en période de rut et de l’expansion des infrastructures routières et ferroviaires, et l’intensification du trafic.

Les modifications du paysage et des pratiques agricoles ont réduit fortement les habitats disponibles pour le blaireau qui se retrouvent cantonnés dans les massifs forestiers (arrachage des haies et des bosquets, arasement des talus, drainage des prairies humides, enrésinement des fonds de vallées). L’isolement des populations de blaireaux est également néfaste pour sa démographie.

Ses Impacts sur le milieu ou les activites humaines

Les dégâts que le blaireau peut faire dans les cultures ne sont gênants que très localement et ils portent principalement sur le maïs, le blé, l’avoine et la vigne. La méthode préventive apparaît être la plus efficace pour éviter ces dommages.

Ses indices de presence

Les exemples de cohabitation avec d’autres mammifères sont fréquents notamment avec le renard et le lapin. Pour faire la distinction entre terrier de blaireau et de renard, il faut principalement se baser sur la présence de remblais frais en quantité importante, la présence de litière, les gueules sont bien polies, les latrines à proximité du terrier ou le long des sentes lorsque le terrier est occupé par les blaireaux.

Le crâne

La crête sagittale en haut de la tête du blaireau est peu développée chez les jeunes. Elle apparaît vers l’âge de 10 mois et peut atteindre une hauteur de 1,5 cm chez les individus les plus âgés.

En 1, l’articulation de la mâchoire du blaireau (unique chez les mammifères) relie les mâchoires inférieures au reste du crâne.

Enfin, la dernière molaire de la mâchoire supérieure est très imposante et ses pointes sont assez peu développées.

Les empreintes et voies

Les quatre pieds ont 5 doigts et les empreintes ressemblent à celles d’un ours en miniature. Le blaireau étant un plantigrade, l’empreinte du pied arrière laisse apparaître nettement le dessin du talon. Les griffes sont visibles sur les traces de tous les pieds mais celles des pattes avant sont beaucoup plus longues et marquent très en avant des pelotes digitales.

L’empreinte de la patte antérieure mesure 4,5 cm de large sur 5 cm de long sans les griffes ; celle de la patte postérieure, 4,5 cm de large sur 7,5 cm de long avec le talon. La voie du blaireau est caractérisée par le fait que l’animal tourne les pieds légèrement en dedans.

Les fécès

Les coulées mènent rapidement aux latrines où les blaireaux défèquent régulièrement. Ces endroits sont parsemés de petites cuvettes appelées « pots » qu’ils creusent avec les pattes et dans lesquelles ils déposent des laissées. Chaque pot fait environ 10 cm de profondeur pour 20 cm de diamètre et on en compte facilement plusieurs dizaines par latrine (ou cabinet). Les laissées sont molles, noirâtres ou verdâtres et cylindriques d’environ 2 cm de diamètre.

Bruits et cris

Le blaireau émet des cris aigus, des grondements, des geignements, des gloussements. Les jeunes piaillent quand ils jouent.

Son statut juridique

En France, le blaireau est une espèce chassable (AM du 26 juin 1987Télécharger l'arrêté) notamment sous terre du 15 septembre au 15 janvier. Une période complémentaire pour la vénerie peut être autorisée par le préfet à partir du 15 mai jusqu’au 15 septembre. La chasse sous terre n’est donc interdite que pendant la période de mise bas et d’allaitement au terrier des jeunes (mi janvier à mi mai).

En Europe, le blaireau est protégée dans une dizaine de pays.

Carte de repartition des observations du blaireau en Bourgogne et Franche-Comte entre 2001 et 2006

en rouge, observation d'un individu vivant et en bleu, observation d'un individu mort

Carte de repartition du blaireau en france

etude sur le blaireau en bourgogne et franche-comte

Une étude sur le blaireau a été réalisée en 2007 en Bourgogne et Franche-Comté par le CNERA Prédateurs et Animaux déprédateurs de l'ONCFS et en partenariat avec les fédérations régionales des chasseurs de Bourgogne et de Franche-Comté. Ce rapport fait une comparaison des différentes méthodes de suivi de cette espèce sur le territoire de ces deux régions.

RUETTE S., CROQUET V., ALBARET M., CHANSDOSNE C. & DUFOUR J., 2007. Comparaison des différentes méthodes de suivi des populations de Blaireau, Meles meles, en région Bourgogne et Franche-Comté. ONCFS, FRC Franche-Comté et Bourgogne. 27p.

Un diaporamaTélécharger le diaporama complet sur le Blaireau est disponible. Il présente la biologie, l'écologie, le statut juridique et les méthodes de suivi de cette espèce.

Un peu de bibliographie...

BOUCHARDY C. & MOUTOU F., 1989. Observer les mammifères sauvages. Edition Bordas. 239p.

BOUCHARDY C., 1986. Le Blaireau. Office national de la chasse, fiche technique n°32. 4p.

CABARD P. & CHAUVET B., 1998. Etymologie des noms de mammifères. Eveil Nature. 239p.

CROQUET V., 2006. Analyse des réponses administratives prises par les DDAF vis-à-vis des dommages causés par le blaireau, enquête menée en 2006. Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) - Délégation régionale Bourgogne et Franche-Comté, Cellule technique. 18p.

DEOM P.. Les aventures de Psikoda - le Blaireau - les empreintes d'animaux sauvages (guide I). Editions Passerage - La Hulotte. n° 26. 39p.

DO LINH SAN E., 2006. Le Blaireau d'Eurasie. Delachaux et Niestlé - Les sentiers du naturaliste. 224p.

LE GARFF B. & CONSTANT P., 1990. Connaître et reconnaître les traces d’animaux. Edition Ouest-France. 110p.

HENRY C., LAFONTAINE L., MOUCHES A., 1988. Le Blaireau (Meles meles L., 1758). Société française d’Etude et de Protection des Mammifères (SFEPM). Encyclopédie des carnivores de France, n° 7. 35p.

MAYOT R., 1994. Guide des crânes de Mammifères. La Gazette des Terriers. 42p.

RUETTE S., 2002. Les petits carnivores, élément de biologie, gestion de l’espèce et de ses habitats. Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). 24p.

RUETTE S., CROQUET V., ALBARET M., CHANDOSNE C. & DUFOUR J., 2007. Comparaison des différentes méthodes de suivi des populations de Blaireau, Meles meles, en région Bourgogne et Franche-Comté. Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), Fédérations régioanles des chasseurs de Franche-Comté et de Bourgogne. 27p.

© Virginie CROQUET 2008