Le Chat sauvage

Felis sylvestris Schreber, 1775
Chat sauvage d'Europe (CABARD P. & CHAUVET B., 1998)

Carnivores > felides

Sa distribution et ses populations

L’aire de répartition du chat forestier couvre des zones géographiques du continent européen disjointes et souvent éloignées les unes des autres et sa distribution s’y trouve elle-même fragmentée. En France, le chat forestier est présent dans le quart nord-est de la France (des Ardennes au nord, au Limousin au sud ouest, et en Savoie à l’est), ainsi que dans l’ensemble des départements pyrénéens.

Sa Biologie

Description

Le chat forestier a une robe grise ou fauve clair légèrement rayée, caractérisée par une queue épaisse, annelée (2 à 5 anneaux) et terminée par un manchon noir et par la présence, sur le dos, d'une bande noire unique et bien visible qui débute derrière les épaules et s'arrête à la naissance de la queue. Les mâles sont plus lourds que les femelles.

Le chat forestier, dessin de Pierre Déom (La Hulotte)

Pour certains spécimens, la distinction entre chat domestique et chat sauvage nécessite un examen approfondi, le critère le plus fiable à ce jour étant le calcul du volume crânien.

 
Poids 3,5 à 7,7 kg 2,5 à 5,2 kg
Longueur tête et corps 52 à 65 cm 48,5 à 57 cm
Lougueur de la queue 26 à 34 cm 25 à 32 cm
Longévité 10 à 12 ans maxi

Activité saisonnière et reproduction

La maturité sexuelle est atteinte à 10 mois chez les deux sexes. La période de rut a lieu entre mi-janvier à la fin février. Après une gestation de 63 à 69 jours, 3 à 4 jeunes naissent en avril, dans un gîte à l’abri de la pluie (terrier, tas de branches ou de bois, arbre creux, souches, anfractuosité rocheuse, mirador, cabane forestière…). La fécondité et la survie des individus en fonction de leur âge et de leur sexe n’est pas connue.

03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02
Printemps Eté Automne Hiver
        rut
  mise-bas        

 

Maturité sexuelle 10 mois
Nombre de portée par an 1
Nombre de petits par portée 3 à 4
Durée de la gestation 63 à 69 jours
Taux de survie juvénile ?
Taux de survie adulte ?
Sex-ratio 50 % - 50 %
Structure des populations ?

Activité journalière

Le chat forestier est une espèce principalement nocturne mais l’activité peut débuter avant la nuit. Il existe une importante variabilité individuelle. Si certains individus se déplacent exclusivement de nuit, d’autres à l’inverse peuvent réaliser jusqu’à un tiers de leurs déplacements durant la journée. L'activité est ralentie dans des conditions climatiques extrêmes, ainsi que par grande pluie et grand vent.

Organisation sociale et spatiale

L'organisation sociale du chat sauvage semble liée à la répartition et à l'abondance des proies. Espèce territoriale, les mâles et les femelles défendent un territoire contre l’intrusion des congénères du même sexe. En Lorraine, les domaines des mâles (282 – 1 090 ha) englobent ou chevauchent plusieurs territoires de femelles (135 - 271 ha).

Régime alimentaire

Son régime alimentaire est nettement carnivore, avec une nette prédominance des petits rongeurs (campagnol terrestre, surtout) même en période de faible densité ou sur les lapins de garenne quand celui-ci est abondant. Bien qu’excellent grimpeur, il chasse ses proies à terre, en terrain découvert, dans les clairières, les prairies mais également en forêt. Il pratique l’affût et l’approche. La vue et l’ouïe lui servent plus que l’odorat ; son adresse et sa rapidité lui permettent un taux de réussite proce des 50 % dans ses attaques sur les rongeurs. Les proies secondaires sont constituées principalement par les oiseaux, les amphibiens et les lièvres.

Son habitat

Le milieu de vie typique du chat forestier est fourni par les grands massifs forestiers de plaine, de colline, de basse et de moyenne montagne ainsi que de leurs bordures. Il fréquente les forêts de feuillus et les forêts mixtes. Dans le nord-est de la France, l’habitat est optimal quand les lisières des massifs sont associées à des prairies naturelles. Cette diversité lui assure des ressources alimentaires abondantes et de multiples possibilités de gîtes.

Pour le repos diurne, le chat forestier utilise, de la fin du printemps à la fin de l’automne, des terriers, des souches creuses, des anfractuosités rocheuses, des abris sous fagots ou des arbres couverts de lierre ou avec des descentes de cimes, situés le plus souvent à proximité d’un terrier. De la fin de l’automne au début du printemps, il fréquente des parcelles en régénération, des jeunes plantations denses ou des zones de broussailles. L’emplacement exact du chat varie d’un jour à l’autre ou parfois même au cours de la même journée en fonction des conditions météorologiques.

Les menaces

L’homme a souvent été le principal ennemi du chat sauvage par le piégeage et la chasse ainsi que les collisions avec les véhicules. L’homme a failli l’exterminer à cause de son goût pour le petit gibier et les animaux domestiques, notamment les volailles.

Le chat forestier peut s’hybrider avec le chat domestique et les hybrides issus de ces accouplements sont fertiles. Selon certains auteurs, le chat forestier d’Europe serait le carnivore le plus menacé par le phénomène d’hybridation. Bien qu’ils vivent dans les mêmes régions depuis plus de 2 000 ans, l’hybridation fréquente entre eux pourrait constituer un phénomène récent, (XX ème siècle) et directement issu du morcellement de l’aire de répartition du chat forestier et de la chute des effectifs de ses populations au XIX ème siècle. La présence d’hybrides en France semble avérée, mais l’importance du phénomène n’a pas encore été appréciée.

Comme la plupart des félins sauvages, le chat sauvage est très sensible aux viroses spécifiques du chat domestique (typhus, sida du chat, leucose féline). L'épidémiologie et l'impact de ces maladies sur les populations de chat sauvage ne sont pas connus.

Le morcellement des zones boisées représente une certaine menace pour les populations de chat sauvage en France.

Ses indices de presence

Le crâne

Le crâne du chat sauvage a un aspect rond et lisse et casse très facilement. La disposition des canines et des incisives ainsi que leurs tailles respectives sont assez caractéristiques des félidés. L’orbite est énorme par rapport à la taille du crâne (environ 2,5 cm de diamètre). Enfin, le nombre de dents est très faible (30 au total, plus petit formule dentaire chez les carnivores). Il n’existe pas de moyen de différencier un crâne de chat domestique de celui d’un chat sauvage.

Les empreintes et voies

Bien que les pattes avant du chat forestier portent un cinquième doigt, placé très haut, les empreintes ne font apparaître que quatre doigts, répartis autour en éventail autour de la voûte plantaire. La forme générale de l’empreinte est circulaire, un peu plus longue que large (4,5 x 3,5 cm).

Au pas, la largeur de la voie est de 6 à 7 cm ; sa longueur moyenne pour un adulte est de 30 à 35 cm. En marchant, le chat forestier pose le plus souvent le pied arrière exactement dans l’empreinte du pied avant tandis qu’il existe fréquemment des décalages chez le chat domestique.

Les fécès

Les laissées du chat sauvage mesurent jusqu’à 20 cm de long pour 1,5 à 2 cm de large. Elles présentent la particularité d’être composées de plusieurs morceaux à la fois liés et distincts les uns des autres. Le chat peut déposer ses laissées en vue sur une proéminence que dans un trou ; dans ce cas, il les recouvre ensuite.

Son statut juridique

Le chat sauvage est un mammifère strictement protégé par l’arrêté ministériel du 23 avril 2007Télécharger l'arrêté  : la destruction, la mutilation, la capture ou l'enlèvement, la perturbation intentionnelle, la détention, le transport, la naturalisation, le colportage, la mise en vente, la vente, l'achat ou l'utilisation commerciale ou non sont interdits. De plus, cet arrêté interdit sur les parties du territoire où l'espèce est présente, la destruction ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux.

Cette espèce est inscrite à l’annexe A du règlement 338/97 relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvage par le contrôle de leur commerce : son commerce est donc strictement interdit ;

Le chat sauvage est aussi inscrit à l’annexe II de la convention de Berne : toutes les formes de capture, de détention ou de mise à mort intentionnelles, la détérioration ou la destruction intentionnelles des sites de reproduction ou des aires de repos, la perturbation intentionnelle de la faune sauvage, notamment durant la période de reproduction, de dépendance et d'hibernation, la détention et le commerce interne de ces animaux, vivants ou morts, y compris des animaux naturalisés ou de toute partie ou de tout produit, obtenus à partir de l'animal sont prohibés.

Carte de repartition des observations de chat sauvage en Bourgogne et Franche-Comte entre 2001 et 2006

en rouge, observation d'un individu vivant et en bleu, observation d'un individu mort

Carte de repartition du chat sauvage en France

Un peu de bibliographie...

BOUCHARDY C. & MOUTOU F., 1989. Observer les mammifères sauvages. Edition Bordas. 239p.

BOUCHARDY C. & STAHL P., 1986. Le chat sauvage. Office national de la Chasse, fiche technique n°35. 4p.

CABARD P. & CHAUVET B., 1998. Etymologie des noms de mammifères. Eveil Nature. 239p.

DEOM P., 1973. La Chouette effraie - le Chat sauvage. Editions Passerage - La Hulotte. n° 12. 40p.

LE GARFF B. & CONSTANT P., 1990. Connaître et reconnaître les traces d’animaux. Edition Ouest-France. 110p.

MAYOT R., 1994. Guide des crânes de Mammifères. La Gazette des Terriers. 42p.

RUETTE S., 2002. Les petits carnivores, élément de biologie, gestion de l’espèce et de ses habitats. Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). 24p.

STAHL P. & LEGER F., 1992. Le chat sauvage d'Europe (Felis sylvestris Schreber, 1777). Société française d'étude et de protection des mammifères (SFEPM). Encyclopédie des carnivores de France, n° 17. 50p.

© Virginie CROQUET 2008