Le Vison d'Amerique

Mustela vison Schreber, 1777
vison : bas latin visio = pet, puanteur (CABARD P. & CHAUVET B., 1998)

carnivores > mustelides

Sa distribution et ses populations

L'aire naturelle de répartition du vison d'Amérique se limite aux deux tiers boréals du continent nord américain. A partir du XXe siècle, des populations se sont développées en Europe à partir d’animaux échappés d’élevages. En France, la présence de populations férales est établie avec trois des noyaux de dispersion actifs :
- en Bretagne, où l’espèce poursuit son expansion vers la Normandie et les Pays de Loire,
- dans le nord du département de la Charente, où des observations sont rapportées depuis les années 80, mais la population ne semble pas s’être développée,
- dans le sud-ouest, sur le bassin de l’Adour, dans les départements des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées-Atlantiques, du Gers et des Landes. Dans cette région, l’expansion de l’espèce est d’autant plus inquiétante qu’elle se trouve en contact avec les populations relictuelles de visons d’Europe.

Sa Biologie

Description

Le vison d'Amérique est un mustélidé de taille modeste, au corps brun luisant, allongé et cylindrique, terminé par une queue représentant le quart de la longueur totale. La tête légèrement aplatie, présente un museau court et large. Les oreilles ne dépassent que faiblement la fourrure. Les membres sont courts et les doigts sont reliés par une palmure bien marquée, recouverte de poils courts. En dehors des organes génitaux, la différenciation entre mâles et femelles est très difficile. La femelle est plus petite et moins lourde que le mâle. La distinction avec le vison d'Europe est difficile mais ce dernier est nettement moins gros, d’environ 40 %. Chez le vison d'Amérique, la tache blanche du museau ne s'étend pas sur la lèvre supérieure, contrairement au vison d'Europe. Des confusions sont également possibles avec le putois.

 
Poids 0,9 à 1,6 kg 0,6 à 1,1 kg
Longueur tête et corps 51 à 79 cm 44 à 67 cm
Lougueur de la queue 17 à 25 cm 14 à 22 cm
Longévité 8 à 10 ans (3 ans en nature)

Activité saisonnière et reproduction

La maturité sexuelle est atteinte vers 1 an. En Europe, la période de rut s’étend de fin février à début avril. L’ovulation est induite par la copulation et l’œuf fécondé reste à l’état quiescent. Le développement embryonnaire dure 30 jours environ, après implantation de l’œuf dans l’utérus. La mise-bas a lieu en avril-mai. Avec des potentialités de reproduction moyennes (4 à 6 jeunes /portée, une maturité sexuelle précoce (1 an) et une possibilité de portée de remplacement en cas d'échec de la reproduction ou de perte de jeunes), le vison d’Amérique présente une dynamique de population située entre celle des espèces de mustélidés à démographie rapide telle que la belette et à celle des espèces à démographie plus lente comme la martre. Les taux de survie par classe d’âge et de sexe ne sont pas connus.

03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02
Printemps Eté Automne Hiver
rut          
  mise-bas      

 

Maturité sexuelle 1 an
Nombre de portée par an 1 (à 2)
Nombre de petits par portée 4 à 6
Durée de la gestation 30 jours
Taux de survie juvénile ?
Taux de survie adulte ?
Sex-ratio 50 % - 50 %
Structure des populations ?

Activité journalière

Le vison d'Amérique est un animal aux mœurs crépusculaire et nocturnes. Il se déplace au sol par bonds avec une démarche rappelant celle du putois et nage bien.

Organisation sociale et spatiale

Il existe peu d’études sur l’organisation sociale du vison d’Amérique en nature. Il semblerait que les territoires des mâles adultes soient nettement séparés alors que des recouvrements importants existeraient entre sexe. La population s’organiserait autour de trois catégories d’individus : des résidents, des résidents temporaires et des individus de passage, ces deux dernières catégories étant constitués de jeunes de l’année.

Les estimations de densités varient de 5 à 7 pour 10 km de cours d’eau dans les cas favorables et de 1 à 2 individus dans les cas défavorables. Ces variations sont à mettre en relation avec les disponibilités en nourriture, en gîtes (terriers creusés par d’autres espèces) et éventuellement aux conditions climatiques extrêmes, au nord de son aire de répartition.

Régime alimentaire

Prédateur généraliste et opportuniste, il présente un spectre alimentaire étendu, qui varie selon les régions. Son régime est constitué de poissons, de mammifères (musaraignes, campagnols, mulots, surmulots et rats musqués) et d’oiseaux (foulques, poules d’eau, canards colvert…) que peuvent compléter des amphibiens (grenouilles) et des crustacés (écrevisses).

Son habitat

Le vison d’Amérique est en grande partie tributaire de la présence de l’eau et occupe une grande variété d’habitats aquatiques. Il affectionne les petits cours d'eau forestiers mais il peut fréquenter les marais, lacs, étangs, en eau douce ou saumâtre et certains secteurs de côte, en Bretagne par exemple. Il utilise les terriers creusés dans les berges et entre les racines d'arbres mais peut également gîter en plein air ou dans les arbres creux.

Causes de mortalite & gestion

Le classement sur la liste des espèces susceptibles d’être classées nuisibles se justifie dans la mesure où l’on cherche à limiter l'expansion, voire à éradiquer la population. Le prélèvement par piégeage ou chasse reste méconnu précisément mais des estimations réalisées à partir d’enquêtes montrent un prélèvement annuel d’environ 1 000 à 1 500 visons d’Amérique par piégeage en France. L’espèce était classée nuisible dans 21 départements en 1999.

Au vu des tendances actuelles d’évolution démographique de l’espèce, le piégeage du vison d’Amérique, tel qu’il est pratiqué, n’apparaît pas suffisant pour enrayer l’expansion géographique des populations férales constituées sur la bordure ouest de la France.

La maladie aléoutienne est causée par un Parvovirus et évolue lentement vers la mort. Les signes cliniques de cette maladie sont discrets dans les premiers mois, puis se manifestent par un amaigrissement progressif et l’apparition d’une insuffisance rénale et hépatique.

Ses Impacts sur le milieu ou les activites humaines

Le vison d’Amérique constitue une menace pour la survie des populations relictuelles de vison d’Europe, carnivore européen menacé qui subsiste dans le sud-ouest de la France, avec des prolongements au pays Basque espagnol et en Navarre. En occupant la même niche écologique que le vison d’Europe, il contribue de façon directe ou indirecte à sa régression : confusion possible entre les deux espèces lors des opérations de contrôle des populations, compétition interspécifique potentielle, rôle éventuel dans la diffusion de la maladie aléoutienne.

Ses indices de presence

Le crâne

Le crâne permet de distinguer les 2 espèces de visons présentes en France. Les bulles tympaniqus ont une forme de trapèze, la plus grande base vers l’avant, chez le vison d’Amérique. La mandibule est plus longue et plus épaisse chez M. vison. En vue latérale, son profil inférieur est arrondi.

Les empreintes et voies

Elle ressemble en tout point à celles du vison d’Europe et du putois. Les empreintes mesurent 3 à4 cm de long pour 3 à 4,5 cm de large. Le vison d’Amérique a les cinq doigts de chaque patte reliés par une palmure, ce qui témoigne de son adaptation au milieu aquatique. L’empreinte complète du pied montre donc 5 doigts, les griffes et la palmure si elle s’est posée dans la vase molle, par exemple.

Les fécès

Les laissées sont identiques pour le vison d’Europe et le vison d’Amérique. Elles mesurent 6 à 8 cm de long pour 5 à 8 mm de diamètre, elles sont difficiles à distinguer du putois. Les excréments sont généralement déposés sur des sites où ils sont bien en évidence. Ils contiennent souvent des restes de poissons et possèdent une odeur caractéristique qui permet de les distinguer de ceux de la Loutre. Ils sont souvent cylindriques et d’aspects « cordé ».

Son statut juridique

Le vison d'Amérique est une espèce chassable (AM du 26 juin 1987Télécharger l'arrêté) sur le territoire européen de la France (pour les autres territoires voir arrêté spécifique) et figure sur la liste des espèces susceptibles d’être classée nuisibles (AM du 30 septembre 1988Télécharger l'arrêté).

Carte de repartition du Vison d'Amerique en france

Un peu de bibliographie...

BOUCHARDY C. & MOUTOU F., 1989. Observer les mammifères sauvages. Edition Bordas. 239p.

CABARD P. & CHAUVET B., 1998. Etymologie des noms de mammifères. Eveil Nature. 239p.

CAMBY A. & MAIZERET C., 1990. Le vison d'Europe (Mustela lutreola L., 1761) et le vison d'Amérique (Mustela vison Schreber, 1777). Société Française d’Etude et de Protection des Mammifères (SFEPM). Encyclopédie des carnivores de France, n° 13 et 14. 44p.

LEGER F. & RUETTE S., 2005. Le vison d’Amérique, une espèce qui se développe… Résultat d’une enquête nationale réalisée en 1999. Faune Sauvage, 266:29-36.

RUETTE S., 2002. Les Petits carnivores, élément de biologie, gestion de l’espèce et de ses habitats. ONCFS. 24p.

© Virginie CROQUET 2008