Le Putois

Mustela putorius (Linné, 1766)
putorius : du latin ‘putor’ = puanteur - putois : du latin ‘putidus’ = puant (CABARD P. & CHAUVET B., 1998)

Carnivores W Mustelides

Sa distribution et ses populations

Le putois est présent dans presque toute l'Europe occidentale. Il est absent de Grèce, des îles méditerranéennes, d’Irlande et d’Islande. Ses populations ont enregistrées un déclin dans plusieurs pays européens (Suisse, Allemagne, Danemark, Grande-Bretagne et région des Balkans), sans qu’il soit possible d’en identifier toutes les causes. A l’exception de la Corse, le putois est présent sur l'ensemble du territoire français à la faveur des milieux humides notamment dans le Sud et l’Ouest du pays. Dans certaines régions de France, sa répartition reste imprécise du fait des difficultés d'observation de cette espèce particulièrement discrète et aux mœurs nocturnes.

Sa Biologie

Description

Le putois est un petit carnivore au corps allongé et aux pattes courtes, facilement identifiable à la couleur de son pelage contrasté. Le dos et les flancs sont beige jaunâtre, le ventre et les membres sont noirs. La tête présente un masque noir et des bandes claires sur le museau, le front et la bordure des oreilles. De nombreuses variations de pelage existent et rendent parfois difficiles l’identification avec le vison d’Europe ou le vison d’Amérique. Ses dimensions, moyennes dans la famille des mustélidés, le placent entre le gabarit de la martre et celui du vison d’Europe. Les mâles sont nettement plus lourds que les femelles. Les glandes anales sécrètent un musc fétide quand l’animal est perturbé, ce qui dégage une odeur nauséabonde destinée à éloigner les individus qui l’importunent. Il ne faut pas confondre Putois et Furet (plutôt domestique), ces deux espèces se ressemblent mais sont distinctes.

 
Poids 0,750 à 1,7 kg 0,3 à 0,85 kg
Longueur tête et corps 38 à 46 cm 32 à 37 cm
Lougueur de la queue 10 à 16 cm 10 à 13 cm
Longévité 4 à 5 ans (10 ans maxi)

Activité saisonnière et reproduction

Le putois présente des potentialités de reproduction élevées avec un nombre important de jeunes par portée (5 à 10), une croissance rapide, une maturité sexuelle précoce (1 an) et une possibilité de portée de remplacement (en cas d'échec de la reproduction ou de perte de jeunes).

La période du rut a lieu au printemps, en mars-avril, l’ ovulation est induite par l'accouplement, la gestation dure environ 40 jours, et les mises-bas ont lieu de mai à juin.

La dynamique de population du putois se situe entre celle des mustélidés à démographie rapide telle que la belette et à celle des espèces à démographie plus lente comme la martre. Elle reste encore mal connue, en particulier les taux de survie par classe d’âge et de sexe.

03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02
Printemps Eté Automne Hiver
rut        
  mise-bas      
    émancipation des jeunes    

 

Maturité sexuelle 1 an
Nombre de portée par an 1 (à 2)
Nombre de petits par portée 5 à 10
Durée de la gestation 40 jours
Taux de survie juvénile 10 à 30 %
Taux de survie adulte 60 %
Sex-ratio en feveur des pour les juvéiles puis en faveur des
Structure des populations ?

Activité journalière

Le putois est un animal solitaire aux déplacements essentiellement nocturnes, qui reste gîté le jour et dort profondément. La disponibilité alimentaire et le type de proies exploitées influencent probablement la fréquence des changements de secteurs d'activité. Les déplacements quotidiens peuvent être très importants (plusieurs kilomètres) mais le putois peut également utiliser les ressources alimentaires disponibles sur une zone restreinte. Le putois est parfaitement adapté à la recherche de proies sous terre dans les galeries de rongeurs et de lagomorphes.

Organisation sociale et spatiale

La territorialité est marquée et s'exerce entre individus du même sexe avec des chevauchements importants entre les domaines vitaux des mâles et des femelles. L'éclatement de la famille intervient très tôt (émancipation des jeunes dès l’âge de 3 mois) et le nombre d'individus erratiques, à la recherche d'un territoire doit être important.

Les densités, relativement peu étudiées, sont de l’ordre de 0,15 à 1,5 putois par km². Les tailles du domaine vital varient de 10 à 90 hectares en Europe, avec des domaines plus petits chez les femelles.

Régime alimentaire

Le putois est un prédateur généraliste nettement carnivore. Les rongeurs apparaissent systématiquement dans son régime (8 à 99%) et les campagnols, les souris et les surmulots prédominent. Les rats musqués sont également mentionnés. Là où il est présent, le lapin de garenne constitue la proie principale (72% en Angleterre, également en Camargue). Il fait partie des mustélidés qui consomment le plus de vertébrés à sang froid (poissons, amphibiens, reptiles) ainsi que de nombreux invertébrés. Insectivores, oiseaux et œufs sont également présents dans son régime. Il constitue régulièrement des réserves alimentaires en automne et en hiver.

Son habitat

Le putois fréquente tous les habitats mais préfère les zones humides, les rivières boisées ainsi que les bocages et les boisements clairs. Il est plus rare dans les grands massifs boisés, où il se cantonne aux lisières. La fréquentation de l'habitat humain est très courante, particulièrement dans les régions où l'hiver est rigoureux. En zone de montagne, l’espèce occupe seulement les régions de basse et moyenne altitude. En ce qui concerne le gîte, le putois peut adopter les endroits les plus variés comme des terriers (blaireau, renard...), des souches creuses, des tas de fagots, des meules de foin, des garennes, des bâtiments.... La fidélité à un nombre limité de gîtes semble fréquente.

Les menaces

Les causes de raréfaction de l’espèce, constatée dans plusieurs pays, restent imprécises. Si l’effet du piégeage intensif a été démontré en Angleterre, il semble que d’autres causes puissent également avoir une influence. La raréfaction des zones humides par assèchement et mise en culture, l'arasement des talus et la destruction des haies en milieu bocager ont conduit à une diminution des milieux favorables à cette espèce. La raréfaction des ressources alimentaires, notamment du lapin en milieu bocager, aurait également contribuée à la régression de l’espèce. A contrario, l'augmentation des populations de lapins, du fait de la diminution de l'impact de la myxomatose, pourrait être un facteur favorisant la recolonisation du putois dans les systèmes agricoles modernes. L’intoxication secondaire par ingestion de petits rongeurs victimes de campagnes de destruction par l’utilisation de raticide a pu être une menace non négligeable pour les populations de putois dans les régions ou l’emploi d’anticoagulants a été intensif.

Le prélèvement de putois par le piégeage ou la chasse reste, à l’échelle du territoire national, méconnu. Des estimations réalisées à partir d’enquêtes montrent un prélèvement minimum de 12 400 putois par le piégeage (saison 1996/1997) et de 15 400 spécimens par la chasse à tir (saison1998/1999).

Ses Impacts sur le milieu ou les activites humaines

La prédation du putois sur les élevages avicoles reste difficilement quantifiable par manque d’outil simple permettant une quantification précise des pertes et une reconnaissance fiable des prédateurs en cause.

L’impact de la prédation du putois sur le gibier reste méconnu en raison de la complexité des études prédateurs-proies et de la multitude des situations rencontrées. Elle pourrait concerner les populations de lapins de garenne et d’anatidés pendant la période de couvaison.

Sil arrive que le putoi intervienne sur les petits élevages, il est également un des carnivores les mieux placés pour exercer un rôle non égligeable sur les populations de surmulots, de rats musqués et de lapin contre lesquels l’homme doit mener une lutte coûteuse.

Ses indices de presence

Le crâne

Le putois est parfois parasité par un ver plat du nom de Troglotrema acutum qui a la particularité redoutable de perforer les sinus frontaux, si bien que les crâne de putois sont souvent troués. Par aileurs, la partie qui se situe au-dessus des bulles tympaniques est très développée chez le putois.

Les empreintes et voies

Les poils qui se trouvent entre les pelotes digitales étant courts, les cinq doigts et les griffes marquent généralement bien. Au bond, dans la neige, le groupe des quatre pieds est souvent accompagné de la trace de la queue. Le pied avant qui est le plus grand fait 3 à 3,5 cm de long sur 2,5 à 4 cm de large.

Les fécès

Les laissées mesurent 6 à 8 cm de long et moins de 1 cm de large. Elles ont une odeur nauséabonde nettement plus prononcée que chez la martre et la fouine. Composée de poils, de plumes et d’os, elles sont torsadées et effilées à une extrémité. Dans le cas om le putois a mangé des poissons ou des batraciens, les laissées sint informes et gluantes.

Bruits et cris

S’il est en danger, le putois glousse, siffle et gronde.

Son statut juridique

Le Putois est une espèce chassable (AM du 26 juin 1987Télécharger l'arrêté) sur le territoire européen de la France (pour les autres territoires voir arrêté spécifique). Il est susceptible d’être classée nuisible dans le département (AM du 30 septembre 1988Télécharger l'arrêté) et figure sur la liste des espèces nuisibles en zone de chasse maritime du 30 juillet 1975 : destruction au fusil autorisée par le détenteur du droit de chasse en période de chasse

Il ne fait plus partie de l'arrêté ministériel fixant la liste des mammifères protégés par l'arrêté du 23 avril 2007 alors qu'il était protégée par l’article 3 de l’arrêté ministériel du 17 avril 1981. Il figure désormais sur l'arrêté ministériel relatif à la protection et à commercialisation de certaines espèces de mammifères (AM du 29 avril 2008Télécharger le fichier pdf de cet arrêté) : la mutilation, la naturalisation (sauf pour le compte de l’auteur de la capture à des fins strictement personnelles), la détention, le transport, le colportage, l’utilisation commerciale ou non, la vente, la mise en vente, l’achat de spécimens sont interdits.

Au niveau européen, le putois est inscrità l’annexe III (espèce de faune protégée) de la convention de Berne : il fait l'objet d'une règlementation, afin de maintenir l'existence de ces populations hors de danger (interdiction temporaire ou locale d'exploitation, règlementation du transport ou de la vente...).

Carte de repartition des observations de belette en Bourgogne et Franche-Comte entre 2001 et 2006

en rouge, observation d'un individu vivant et en bleu, observation d'un individu mort

Carte de repartition du Putois en france

Un peu de bibliographie...

BANG P. & DAHLSTROM P., 1999. Guide des traces d'animaux. Les indices de présence de la faune sauvage. Delachaux et Niestlé. coll. Les guides du naturaliste. 264p.

BOUCHARDY C. & DELATTRE , 1986. Le Putois. Office nationale de la chasse. Fiche Technique n°30. 4p.

BOUCHARDY C. & MOUTOU F., 1989. Observer les mammifères sauvages. Edition Bordas. 239p.

CABARD P. & CHAUVET B., 1998. Etymologie des noms de mammifères. Eveil Nature. 239p.

LE GARFF B. & CONSTANT P., 1990. Connaître et reconnaître les traces d’animaux. Edition Ouest-France. 110p.

MAYOT R., 1994. Guide des crânes de Mammifères. La Gazette des Terriers. 42p.

ROGER M., DELATTRE P. & HERRENSCHMIDT V., 1988. Le putois (Mustela putoris Linnaeus, 1758). Société Française d’Etude et de Protection des Mammifères (SFEPM). Encyclopédie des carnivores de France, n° 15. 38p.

RUETTE S., 2002. Les Petits carnivores, élément de biologie, gestion de l’espèce et de ses habitats. ONCFS. 24p.

RUETTE S., F. LÉGER, M. ALBARET, P. STAHL, P. MIGOT & P. LANDRY, 2004. Enquête sur la répartition de la martre, de la fouine, de la belette, de l'hermine et du putois en France. Faune Sauvage, 263:28-34 et 265:80.

© Virginie CROQUET 2008