Le Raton laveur

Procyon lotor (Linné, 1758)
procyonoides = du grec pro = avant ou antérieur, kuôn = chien et oïdes = qui a la forme de. Qui a la forme d’un procyon c’est-à-dire d’un ancêtre des chiens
lotor = du latin, qui lave, raton = parent du rat

Carnivores > procyonides

Sa distribution et ses populations

L'aire de répartition originelle du raton laveur est limitée à l'Amérique du Nord, du sud du Canada jusqu’au Panama.
Sa présence dans plusieurs régions d’Europe est la conséquence d’introductions involontaires ou de lâchers intentionnels. En Europe occidentale, la présence de l’espèce concerne la totalité du territoire allemand avec des débordements sur les pays limitrophes. Le raton laveur a été introduit notamment par les forces militaires américaines stationnant pour l’OTAN pour qui l’animal était considéré comme une mascotte. Malgré des signalements sporadiques depuis 1934, l’espèce a véritablement fait souche en France à partir des années 1970 et son aire de présence est depuis en constante augmentation.

 

Deux principaux noyaux de population sont identifiés :
- le premier, en Lorraine et en Alsace, est liée à l’extension de la population allemande et connaît un développement modéré. Aucune progression de l’aire de présence n’a été enregistrée depuis les premiers signalements des années 1970.
- le second, dans le département de l’Aisne est la conséquence de lâchers dans les années 60. Cette population a connu une expansion géographique notable, associée à une bonne démographie, avec des apparitions dans plusieurs départements voisins au cours des années 90 : la Marne, la Meuse, les Ardennes, l’Oise et la Somme.

Sa Biologie

Description

De la taille d’un gros chat, le raton laveur se reconnaît facilement à son masque de « bandit » noir sur une robe grisâtre et à sa longue queue annelée (5 à 7 anneaux bruns ou noirs délimités par des poils plus clairs). Plantigrade, les doigts sont flexibles et capables de manipulations délicates. Son poids varie de 2,4 à 7,9 kg selon le sexe (les mâles étant légèrement plus lourds que les femelles : de 10 à 15 %), des conditions climatiques, de la disponibilité en nourriture et des différences génétiques entre régions. Les variations saisonnières sont très marquées la perte pondérale peut atteindre 50 % du poids automnal en hiver chez l’adulte.

Il peut être confondu avec le chien viverrin qui est plus gros et qui possède une queue plus courte de couleur uniforme.

 
Poids 2,4 à 7,9 kg 2 à 7,1 kg
Longueur tête et corps 40 à 90 cm
Lougueur de la queue 20 à 40 cm
Longévité ?

Activité saisonnière et reproduction

Chez le raton laveur, la maturité sexuelle est atteinte entre 12 et 15 mois et le rut a lieu en janvier-février. La gestation dure 63 jours, la mise bas a lieu de mai à août et la taille des portées varie de 2 à 8, avec de grandes variations géographiques. Aux Etats-Unis, le taux annuel de mortalité a été estimé à près de 60% chez les juvéniles et variant de 35 à 50 % chez les adultes. Dans les états du nord des Etats-Unis, la mortalité naturelle est élevée à cause des hivers longs et rigoureux entraînant de la malnutrition en fin d’hiver.

Dans les zones septentrionales et pendant les périodes de grand froid, il rentre en léthargie hivernale. Cette phase nécessite l'accumulation de réserves dont le rythme de dépôt est saisonnier. Pendant la période du rut, les mâles parcourent de grandes distances.

03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02
Printemps Eté Automne Hiver
          rut
  mise-bas    

 

Maturité sexuelle 12 - 15 mois
Nombre de portée par an 1
Nombre de petits par portée 2 à 8
Durée de la gestation
(ovulation induite par l'accouplement)
63 jours
Taux de survie juvénile 40 %
Taux de survie adulte 50 à 65 %
Sex-ratio ?
Structure des populations ?

Activité journalière

Le rythme d’activité du raton laveur varie beaucoup selon les individus, les saisons et la latitude. Il reste toutefois un animal surtout nocturne et crépusculaire. Le maximum d’activité se situe avant minuit. L’activité quotidienne peut être répartie en quatre phases :

1) l’aller entre 16h et 20h, les ratons laveurs se dirigent vers une source de nourriture connue,

2) l’activité dans les aires majeures entre 20h et 22-24h (zones où se trouvent une nourriture abondante et connue,

3) mouvements dans les aires mineures (où la nourriture est plus éparses et joue un rôle complémentaire) entre 23h et 3h et

4) le retour au gîte après 3 h.

Organisation sociale et spatiale

Considéré le plus souvent comme un animal solitaire, le raton laveur peut former des groupes : il s'agit le plus souvent d'une femelle et des petits de l'année ou de juvéniles qui s’émancipent progressivement au printemps. La taille des domaines varie de quelques dizaines à plusieurs centaines d’hectares selon le sexe et l’âge des individus mais aussi la densité de la population et la qualité de l’habitat, notamment les ressources alimentaires et la possibilité de gîtes. Seuls les mâles sont territoriaux et ils ont des domaines plus étendus que les femelles.

Les estimations de densité de population varient de 0,5 à 2 individus pour 100 ha en Europe et de 2 à 98 individus pour 100 ha aux Etats-Unis.

Régime alimentaire

Le raton laveur possède un régime alimentaire omnivore qui connaît d’importantes variations selon les saisons, les années et l’habitat. Généraliste, il s’adapte facilement aux ressources alimentaires disponibles localement. Les fruits, baies et graminées (maïs) ont une place importante durant la période estivale et automnale. Les invertébrés, insectes, crustacés (écrevisses en particulier) occupent une place plus importante que les vertébrés (amphibiens, rats, musaraignes, écureuils, œufs et oisillons). Possédant une dextérité manuelle importante, il repère et capture ses proies au toucher notamment les écrevisses, les insectes et les vers de terre.

Son habitat

Les habitats du raton laveur sont variés : marécages avec présence de feuillus, forêts de plaines alluviales, marais d'eau douce ou saumâtre mais également zones agricoles cultivées ou en friches et zones suburbaines résidentielles. Les arbres creux (3 à 12 m au-dessus du sol) sont choisis le plus souvent comme gîte mais les terriers de renards, de marmottes et de blaireaux sont également utilisés.

Les menaces

Les principales causes de mortalité sont liées aux activités humaines (chasse, piégeage, circulation automobile) et à la malnutrition en fin d’hiver. Les prélèvements de ratons laveurs par piégeage ou chasse restent méconnus en France. Notons cependant qu’entre 600 et 800 ratons laveurs ont été prélevés durant la saison 2005-2006 dans le département de l’Aisne par le piégeage ou à la chasse (FDC Aisne).

En Allemagne, l’espèce a pu se répandre rapidement du fait de sa protection légale, qui n’a été levée qu’à partir de 1954.

Le raton-laveur est particulièrement sensible à la rage et il est devenu le réservoir de rage le plus important des régions urbaines aux USA depuis l’éradication de la rage canine dans les années 50. La rage et la maladie de Carré pourraient avoir un impact réel sur les populations.

Ses Impacts sur le milieu ou les activites humaines

Le raton-laveur peut occasionner des dommages agricoles, notamment dans les vergers, les champs de maïs et les poulaillers. Il est également amateur d’œufs d’oiseaux d’eau et de jeunes rats musqués. En Europe, l’incidence de ce prédateur omnivore sur la faune autochtone n’est pas documentée.

Ses indices de presence

Le crâne

Le crâne du raton laveur est large et arrondi. La crête sagittale est diversement développée et parfois absente, le palais se prolonge au delà des dernières molaires et les bulles tympaniques sont gonflées dans leur face interne et comprimées latéralement, avec un canal auditif court.

Les empreintes et voies

Les traces de pas du raton laveur mesure 7 à 8 cm de long, pour 6,5 cm de large. Chaque patte est munie de cinq doigts terminés par de courtes griffes.

Les fécès

Les crottes sont cylindriques, non effilées aux deux extrémités.

Bruits et cris

Le raton laveur pépie en période de rut et la femelle va ronronner quand elle élève ses petits.

Son statut juridique

Le raton est une espèce chassable (AM du 26 juin 1987Télécharger l'arrêté) sur le territoire européen de la France (pour les autres territoires voir arrêté spécifique) et susceptible d’être classée nuisible dans le département (AM du 30 septembre 1988Télécharger l'arrêté).

Carte de repartition des observations de raton laveur en france entre 1990 et 2006

 

Un peu de bibliographie...

BOUCHARDY C. & MOUTOU F., 1989. Observer les mammifères sauvages. Edition Bordas. 239p.

CABARD P. & CHAUVET B., 1998. Etymologie des noms de mammifères. Eveil Nature. 239p.

DUCHENE M.J., ARTOIS M., 1988. Les carnivores introduits : Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides Gray, 1834) et Raton laveur (Procyon lotor L., 1758). Société Française d’Etude et de Protection des Mammifères (SFEPM). Encyclopédie des carnivores de France, n° 4 et 6. 47p.

LEGER F., 1999. Le raton laveur en France. Office National de la Chasse, Bulletin mensuel 241. pp16-37.

RUETTE S., 2002. Les Petits carnivores, élément de biologie, gestion de l’espèce et de ses habitats. ONCFS. 24p.

© Virginie CROQUET 2008