La Fouine

Martes foina (Erxleben, 1777)
hêtrière, foïne (1610) = martre des hêtres (CABARD P. & CHAUVET B., 1998)

Carnivores > mustelides

Sa distribution et ses populations

La fouine est présente dans toute l'Europe continentale sauf la Scandinavie. Elle est absente de nombreuses Îles (Islande, Irlande, Grande-Bretagne, Corse, Sardaigne, Sicile) mais on la trouve en Crète, à Chypre, Corfou, Rhodes, et aux Baléares. La fouine est présente partout en France, Corse exceptée, jusqu'à 2 400 m dans les Alpes et 2 000 m dans les Pyrénées. Elle semble cependant absente ou rare de certains de secteurs de Provence (Crau et Camargue).

Sa Biologie

Description

La fouine est un petit carnivore brun gris, à la silhouette allongée et court sur pattes. La queue touffue représente un tiers de la longueur totale. Les mâles sont plus lourds que les femelles .

La fouine peut se confondre avec la martre. Les critères morphologiques habituellement utilisés pour distinguer les deux espèces sont :
- la forme et la couleur de la bavette, blanche et étendue sur les avant bras pour la fouine, orangée et disposée essentiellement sur la gorge pour la martre ;
- les pelotes digitales nues pour la fouine, recouvertes par des poils interdigitaux pour la martre;
- la fourrure présentant des flancs clairs chez la fouine, et une couleur uniforme chez la martre;
- chez les mâles, un os pénien pouvant atteindre la longueur 6 cm pour la fouine, ne dépassant pas 4,5 cm pour la martre.

 
Poids 1,7 à 2,5 kg 1,1 à 1,5 kg
Longueur tête et corps 43 à 50 cm 40 à 50 cm
Lougueur de la queue 23 à 27 cm 23 à 25 cm
Longévité 10 à 12 ans maxi

Activité saisonnière et reproduction

Les fouines atteignent la maturité sexuelle entre 1 an et 1 an ½. L’accouplement a lieu en juillet–août, la mise-bas en mars-avril, neuf mois plus tard. La durée de gestation est de 56 jours et intervient après 8 mois de latence embryonnaire (soit février-mars) où l’œuf reste libre dans le conduit utérin. Le nombre de jeunes par portée est en moyenne de trois (1 à 7). La lactation dure 2 mois environ, l’apport de nourriture solide aux jeunes commence avant le sevrage définitif. Les jeunes sont élevés par la femelle jusqu’à l’âge de 5 à 6 mois. Ils commencent leur émancipation en se déplaçant à l’intérieur du domaine vital de la mère puis en multipliant progressivement les excursions hors de ce territoire. Les jeunes sont alors nomades, jusqu’au moment où ils trouveront un territoire pour s’établir. La durée de vie est assez longue. Les taux de survie par classe d’âge et de sexe n’ont pas été établis en nature.

03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02
Printemps Eté Automne Hiver
        rut    
mise-bas        
    émancipation des jeunes    

 

Maturité sexuelle 1 - 1 ½ an
Nombre de portée par an 1
Nombre de petits par portée 1 à 7 (moy 3)
Durée de la gestation
(ovo-implantation différée)
56 jours
Taux de survie juvénile 50 % ( < 2ans)
Taux de survie adulte ?
Sex-ratio ?
Structure des populations ?

Activité journalière

La fouine est un prédateur principalement nocturne, mais l’activité est maximale au crépuscule et en fin de nuit. Les déplacements quotidiens peuvent être importants, de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres et augmentent beaucoup en hiver, certainement du fait de la recherche plus difficile des petits mammifères.

Son mode de chasse ne s’adapte à aucune proie particulière et une partie de la nourriture est trouvée au hasard des déplacements nocturnes. La mobilité et la fuite de la proie sont les facteurs qui déterminent le comportement de prédation, expliquant les « carnages » observés dans les poulaillers. Elle exploite régulièrement des sites qu’elle a découvert : arbres fruitiers, tas de fumier, poubelles, dortoirs d’oiseaux, poulaillers…

Organisation sociale et spatiale

Le système social repose sur la territorialité intra-sexuelle : mâles et femelles adultes vivent en général en solitaires et le territoire d’un mâle couvre celui d’une ou de plusieurs femelles. La taille du domaine vital varie de quelques dizaines à plusieurs centaines d’hectares suivant les conditions de milieu (domaine vital plus restreint près des habitations humaines), le sexe (domaine vital plus grand chez les mâles) et l’âge des animaux (domaine vital plus restreint chez les adultes que les jeunes ou subadultes). Les densités des populations, encore relativement méconnues, varient de 0,5 à 8 individus adultes établis par km².

Les limites des domaines sont régulièrement balisées au moyen des sécrétions des glandes anales mais les fèces ne semblent pas associées à ces limites.

Régime alimentaire

La fouine est un prédateur généraliste, dont le régime alimentaire est très proche de celui de la martre. Il recouvre une grande diversité de proies et d’aliments qui varie en fonction des saisons. Il se compose de trois grandes catégories où les petits mammifères représentent la plus grande part du régime (plus de 80%) et est essentiellement constituée de petits rongeurs (campagnols) ; les autres espèces étant des lagomorphes (lapins), des musaraignes qui peuvent représenter une part importante dans certaines régions. Les oiseaux et œufs constituent une nourriture importante en fin d'hiver et au printemps, moment où ils sont les plus vulnérables. Enfin, les fruits sont surtout consommés pendant l'été et au début de l'automne, périodes pendant lesquelles ils peuvent représenter plus de 70 % du régime. Les d échets humains, les vers de terre et les insectes (surtout au printemps) sont d’autres éléments qui entrent parfois dans son régime alimentaire.

Son habitat

La fouine est à l’origine une espèce rupestre inféodée aux zones rocheuses non forestières. Dans nos régions, on la rencontre essentiellement dans les paysages ouverts ou semi-ouverts. La fouine est une espèce thermophile qui recherche préférentiellement des gîtes qui la protège des variations de températures importantes. Les gîtes servent à la fois de lieux de repos, de reproduction et d’élevage des jeunes et de réserve de nourriture. Ainsi, le caractère anthropophile de cette espèce est lié à la recherche de lieux thermiquement favorables pour le gîte : combles des maisons et des édifices, tas de paille, ruines... Les gîtes peuvent également se trouver dans les anfractuosités rocheuses, les arbres creux et les tas de bois. La fouine occupe plusieurs gîtes répartis sur son territoire.

Les menaces

S'accommodant bien de la proximité humaine, la fouine est probablement moins vulnérable aux modifications des milieux que la martre. Son habitat anthropophile fait de la fouine le mustélidé le plus piégé en France. Les prélèvements de fouines par le piégeage ou la chasse restent méconnus à l’échelle du territoire national. Des estimations réalisées à partir d’enquêtes montrent un prélèvement minimum de 33 000 individus par le piégeage (saison 1996/1997) et de 41 700 individus par la chasse à tir (saison 1998/1999). Aucune donnée ne permet actuellement de mesurer l’impact de ces prélèvements sur les populations de fouines

Ses Impacts sur le milieu ou les activites humaines

Elle occasionne parfois des dégâts dans les habitations (aux matériaux d’isolation, parfois aux véhicules) et aux élevages. Ce sont souvent le bruit et les mauvaises odeurs, notamment à la période du rut et de l’élevage des jeunes, qui déclenchent les tentatives de destruction.
La fouine est susceptible d’occasionner des dégâts, par prédation notamment sur les élevages avicoles et sur le gibier. Mais l’impact de la prédation, reste extrêmement difficile à estimer précisément du fait des difficultés d’estimation quantitative précise des pertes et de la part relative des différents prédateurs.

Ses indices de presence

Le crâne

Il est très difficile de distinguer un crâne de martre d’un crâne de fouine. Cependant, il existe au moins deux différences fondamentales pour les reconnaître.

Pour cela, il faut retourner le crâne. S’il n’y a pas de pointe en arrière du palais (1) alors c’est une fouine. Chez la fouine, la molaire (c’est la dernière dent) est concave c’est-à-dire creusée vers l’intérieur (2).

Les empreintes et voies

Les quatre pieds se terminent par cinq doigts griffus et la voûte plantaire est faite de quatre petites pelotes très rapprochées.

Ces pelotes digitales sont nues, la trace s’avère donc plus nette que celle de la martre à laquelle elle ressemble en tout point.

Les fécès

Les fécès de fouine mesurent 4 à 10 cm de long pour 1 cm de large et contiennent souvent des noyaux de cerises et des restes alimentaires d’origines humaines.

La fouine dépose ses laissées au hasard de ses déplacements mais elle défèque de préférence régulièrement aux mêmes endroits, en hauteur, à proximité de son gîte. Ses dépôts sont disposés en amas nommés « crottoirs ».

Le gîte

Dans la paille, le gîte se situe dans les parties inférieures des meules qui ne sont jamais utilisées. Les entrées et les sorties mesurent une dizaine de centimètres de diamètre. Si le tas de paille est trop petit pour y creuser des galeries, elle s’aménage une simple couche en forme de cuvette. A proximité du gîte se trouvent des crottes en abondance et des reliefs de repas : cadavres, œufs brisés, déchets divers.

Bruits et cris

La fouine est peu bruyante mais elle émet parfois des caquètements aigus et des soufflements.

Son statut juridique

La fouine est une espèce chassable (AM du 26 juin 1987Télécharger le fichier pdf de cet arrêté)  sur le territoire européen de la France (pour les autres territoires voir arrêté spécifique).

C'est une espèce susceptible d’être classée nuisible (AM du 30 septembre 1988Télécharger le fichier pdf de cet arrêté) et elle figure également sur la liste des espèces nuisibles en zone de chasse maritime du 30 juillet 1975 : destruction au fusil autorisée par le détenteur du droit de chasse en période de chasse.

Elle ne fait plus partie de l'arrêté ministériel fixant la liste des mammifères protégés par l'arrêté du 23 avril 2007 alors qu'elle était protégée par l’article 3 de l’arrêté ministériel du 17 avril 1981. Elle figure désormais sur l'arrêté ministériel relatif à la protection et à commercialisation de certaines espèces de mammifères (AM du 29 avril 2008Télécharger le fichier pdf de cet arrêté) : la mutilation, la naturalisation (sauf pour le compte de l’auteur de la capture à des fins strictement personnelles), la détention, le transport, le colportage, l’utilisation commerciale ou non, la vente, la mise en vente, l’achat de spécimens sont interdits.

Au niveau européen, elle est inscrite à l’annexe III (espèce de faune protégée) de la convention de Berne : fait l'objet d'une règlementation, afin de maintenir l'existence de ces populations hors de danger (interdiction temporaire ou locale d'exploitation, règlementation du transport ou de la vente...).

Carte de repartition des observations de belette en Bourgogne et Franche-Comte entre 2001 et 2006

en rouge, observation d'un individu vivant et en bleu, observation d'un individu mort

Carte de repartition de la belette en france

Un peu de bibliographie...

BANG P. & DAHLSTROM P., 1999. Guide des traces d'animaux. Les indices de présence de la faune sauvage. Delachaux et Niestlé. coll. Les guides du naturaliste. 264p.

BOUCHARDY C. & LIBOIS R., 1986. La Fouine. Office national de la chasse, Fiche technique n°34. 4p.

BOUCHARDY C. & MOUTOU F., 1989. Observer les mammifères sauvages. Edition Bordas. 239p.

CABARD P. & CHAUVET B., 1998. Etymologie des noms de mammifères. Eveil Nature. 239p.

DEOM P., 1973. La Fouine - le Pic épeiche. Editions Passerage - La Hulotte. n° 11. 40p.

LEGER F. & STEIMER F., 2005. La fouine. Edition Belin, Collection Approche. 95p.

LIBOIS R. & WAECTER A., 1991. La fouine (Martes foina Erxleben, 1777). Encyclopédie des carnivores de France. Société française d’étude et de protection des mammifères. n° 10. 53p.

MAYOT R., 1994. Guide des crânes de Mammifères. La Gazette des Terriers. 42p.

RUETTE S., 2002. Les Petits carnivores, élément de biologie, gestion de l’espèce et de ses habitats. ONCFS. 24p.

RUETTE S., F. LÉGER, M. ALBARET, P. STAHL, P. MIGOT & P. LANDRY, 2004. Enquête sur la répartition de la martre, de la fouine, de la belette, de l'hermine et du putois en France. Faune Sauvage, 263:28-34 et 265:80.

© Virginie CROQUET 2008