L'Hermine

Mustela erminea (Linné, 1758)
erminea : 'armenius' = d'Arménie (CABARD P. & CHAUVET B., 1998)

carnivores > mustelides

Sa distribution et ses populations

L’aire de répartition naturelle de l’hermine est très vaste et englobe toutes les régions froides et tempérées de l’hémisphère nord. Elle est présente en Scandinavie mais absente de la Grèce et de la plus grande partie de l'Espagne et de l'ltalie. Elle est présente sur l'ensemble du territoire français jusqu’à une altitude d’environ 2 700 m mais reste rare dans la zone méditerranéenne et dans le sud-ouest du territoire. Elle est absente de Corse.

Sa Biologie

Description

L’allure générale de l’hermine est la même que celle de la belette mais elle est deux à trois fois plus grosse. Les mâles sont nettement plus imposants que les femelles. Son pelage en été est brun sur la partie dorsale du corps et blanc sur la partie ventrale et devient généralement uniformément blanc en hiver. Sa queue est terminée par un pinceau de poils noirs, critère qui évite des confusions avec la belette. Sa silhouette fusiforme est adaptée à la chasse dans les galeries de petits rongeurs.

 
Poids 130 à 445 g 130 à 280 g
Longueur tête et corps 22 à 31 cm 20 à 27 cm
Lougueur de la queue 6 à 12 cm 6 à 8 cm
Longévité ?

Activité saisonnière et reproduction

La reproduction de l’hermine est caractérisée par une maturité sexuelle précoce des femelles (1-3 mois) alors que les mâles ne sont matures qu’à un an. La période des accouplements a lieu de mai à juillet et il n’y a qu’une portée par an, entre mars et mai, de 8 jeunes en moyenne (maximum 18).

La durée de gestation, après l’implantation, est de 28 jours et intervient après 9 à 11 mois de latence embryonnaire (ovo-implantation différée).

Cette stratégie de reproduction rapide est nécessaire pour compenser une durée de vie courte, mais les capacités de reproduction apparaissent plus faibles que pour la belette. La mortalité importante est la conséquence directe des variations des ressources alimentaires. Les populations d’hermines fluctuent en effet selon les cycles pluriannuels des populations de rongeurs (campagnol terrestre) dont le rythme varie de 4 à 9 ans selon les régions. Les jeunes sont élevés par la femelle ; le sevrage se produit entre 7 et 12 semaines. L’émancipation des jeunes peut commencer dès 4 mois.

03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02
Printemps Eté Automne Hiver
  rut      
mise-bas      
  émancipation des jeunes    

 

Maturité sexuelle 1 an -1 à 3 mois
Nombre de portée par an 1
Nombre de petits par portée 4 à 8 moy - 18 maxi
Durée de la gestation
(ovo-implantation différée)
28 jours
Taux de survie juvénile ?
Taux de survie adulte ?
Sex-ratio ?
Structure des populations ?

Activité journalière

L’hermine a une activité plutôt nocturne mais les phases d’activité diurne augmentent avec la durée du jour. Ses déplacements quotidiens sont importants (1 à 8 km). L’importance de ses excursions dépend de l’abondance des proies et des conditions climatiques qui la rende plus sédentaire en conditions d’intempéries. Les femelles, plus petites, font des déplacements plus souterrains et plus limités que les mâles.

L’hermine est un prédateur qui chasse au sol ou dans les arbustes ou sous-terre dans les galeries de rongeurs de taille moyenne. Le mouvement de la proie déclencherait l’attaque mais l’odorat et l’ouïe interviennent également.

Organisation sociale et spatiale

Le système social repose sur la territorialité intra-sexuelle : mâles et femelles adultes vivent en général en solitaires et le territoire d’un mâle couvre celui d’une ou plusieurs femelles. Le système territorial semble lié à la densité d’individus plutôt qu’à la disponibilité en proies.

La taille des territoires varie selon les sexes et l’abondance des ressources alimentaires. Le territoire des femelles (< 10 ha) est plus modeste que celui des mâles (8 à 35 ha) et la dimension des territoires diminue avec l’augmentation des proies. Les densités peuvent varier de 1 à 15 hermines par km², selon les régions et les cycles des populations de rongeurs.

Régime alimentaire

L’hermine est un carnivore spécialiste, se nourrissant de petits rongeurs et notamment du campagnol terrestre, qui représente 60 à 99 % de son régime alimentaire en France. Les oiseaux constituent l’essentiel des proies secondaires (passereaux, galliformes et œufs). Elle se nourrit occasionnellement de jeunes lagomorphes, de taupes, de musaraignes, de batraciens, de reptiles et de poissons. Elle constitue régulièrement des réserves de proies à proximité des gîtes.

Son habitat

L’hermine est inféodée à la présence des petits rongeurs. Ubiquiste, elle fréquente des milieux variés de plaine et de montagne, ouverts et fermés mais n’est pas présente dans les plaines céréalières. On l’observe fréquemment près des habitations et elle se déplace le long des chemins, des murs, des haies et des ruisseaux.

Les menaces

Si l’influence de l’abondance des proies est connue sur la dynamique des populations d’hermines, l’impact d’autres facteurs limitants reste à montrer. L’intoxication secondaire par ingestion de petits rongeurs victimes de campagnes de destruction par l’utilisation de raticide pourrait être une menace non négligeable pour les populations d’hermines dans les régions ou l’emploi d’anticoagulant est intensif. La dose létale de ces toxines est faible pour cette espèce.

L’hermine est plus sensible que la belette au changement de paysage notamment dans les zones remembrées. La réduction des haies et des bordures en herbe sont autant de possibilités de gîte qui disparaissent.

Le prélèvement d’hermines par la chasse reste inconnu à l’échelle du territoire national, mais est probablement très faible.

Ses Impacts sur le milieu ou les activites humaines

Ses indices de presence

Le crâne

Les empreintes et voies

L’observation d’empreinte d’hermine est rare ailleurs que dans la neige. Les pattes sont terminées par 5 doigts griffus. L’empreinte de la patte avant mesurent 2 cm de long pour 1,5 cm de large et la patte arrière fait 3,5 cm de long pour 1,5 cm de large.Quand l’hermine bondit dans la neige elle pose les pieds arrière dans les traces des pieds avant.

La voie ressemble à une ligne sinueuse d’empreintes doubles. La moyenne des intervalles entre chaque groupe de pieds est supérieure à 30 cm(varie entre 20 et 80 cm).

Les fécès

Elles se composent d’os, de poils et de plumes ; torsadées et effilées à une extrémité, elles mesurent 5 à 8 cm de long pour 5 mm de large. On les trouve sur les murs et sur les pierres, tout le long des axes de déplacement de l’hermine, particulièrement à la croisée des chemins.

Bruits et cris

L’hermine n’est pas loquace. Elle peut glousser ou japper.

Son statut juridique

Elle ne fait plus partie de l'arrêté ministériel fixant la liste des mammifères protégés par l'arrêté du 23 avril 2007 alors qu'elle était protégée par l’article 2 de l’arrêté ministériel du 17 avril 1981. Elle figure désormais sur l'arrêté ministériel relatif à la protection et à commercialisation de certaines espèces de mammifères (AM du 29 avril 2008Télécharger le fichier pdf de cet arrêté) : la mutilation, la naturalisation (sauf pour le compte de l’auteur de la capture à des fins strictement personnelles), la détention, le transport, le colportage, l’utilisation commerciale ou non, la vente, la mise en vente, l’achat de spécimens sont interdits.

Au niveau européen, elle est inscrite à l’annexe III (espèce de faune protégée) de la convention de Berne et fait l'objet d'une règlementation, afin de maintenir l'existence de ces populations hors de danger (interdiction temporaire ou locale d'exploitation, règlementation du transport ou de la vente...).

Carte de repartition des observations d'Hermine en Bourgogne et Franche-Comte entre 2001 et 2006

en rouge, observation d'un individu vivant et en bleu, observation d'un individu mort

Carte de repartition de l'hermine en france

Un peu de bibliographie...

BOUCHARDY C. & DELATTRE P., 1986. L’hermine. Office national de la chasse, Fiche technique n°29. 4p.

BOUCHARDY C. & MOUTOU F., 1989. Observer les mammifères sauvages. Edition Bordas. 23p.

CABARD P. & CHAUVET B., 1998. Etymologie des noms de mammifères. Eveil Nature. 239p.

DELATTRE P., 1987. La belette (Mustela nivalis Linnaeus, 1766) et l'hermine (Mustela erminea Linnaeus, 1758). Encyclopédie des carnivores de France. n° 11 et 12. Société d’étude et de protection des Mammifères. 7 p.

DEOM P.. La Belette - l'Hermine. Editions Passerage - La Hulotte. n° 41. 44p.

DEOM P.. Le dossier secret des "animaux malfaisans et nuisibles". Editions Passerage - La Hulotte. n° 44. 48p.

DEOM P.. Les oies sauvages - l'Hermine. Editions Passerage - La Hulotte. n° 24. 39p.

MAYOT R., 1994. Guide des crânes de Mammifères. La Gazette des Terriers. 42p.

RUETTE S., 2002. Les Petits carnivores, élément de biologie, gestion de l’espèce et de ses habitats. ONCFS. 24p.

RUETTE S., F. LÉGER, M. ALBARET, P. STAHL, P. MIGOT & P. LANDRY, 2004. Enquête sur la répartition de la martre, de la fouine, de la belette, de l'hermine et du putois en France. Faune Sauvage, 263:28-34 et 265:80.

© Virginie CROQUET 2008