Le Chien viverrin

Nyctereutes procyonoides (Gray, 1834)
Nyctereutes = du grec ‘nuktéreutès’ = qui chasse ou pêche la nuit
Procyonoides (du grec 'pro' = avant, antérieur,'kuôn' = chien et 'oïdes' = qui a la forme de) = qui a la forme d’un procyon c’est-à-dire d’un ancêtre des chiens

carnivores > canides

Sa distribution et ses populations

L'aire de répartition originelle du chien viverrin est limitée à l'Asie orientale (Chine orientale, Corée et Japon). Depuis le lâcher de près de 9 000 individus entre 1928 et 1950 dans la partie européenne de l’ex-URSS, l’aire de répartition mondiale de cette espèce a doublé en quelques décennies.

En France, une enquête récente a permis de recenser quelque 70 mentions documentées de chiens viverrins, réparties entre 1975 et 2005, et dont 15 comprenaient des preuves permettant d’authentifier l’information. Dans le Nord-Est de la France (Alsace, Lorraine, Franche-Comté), il est probable que certaines données témoignent de la dispersion d’individus provenant d’Europe centrale. Les autres informations dispersées sur le territoire national sont vraisemblablement liées à des animaux fugitifs, évadés de parcs zoologiques ou de chez des particuliers, l’espèce étant réputée ne pas réaliser de déplacements sur de longues distances.

Sa Biologie

Description

Le chien viverrin est un petit chien massif et trapu, aux pattes, oreilles et queue courtes. C’est le seul canidé à posséder un masque facial sombre. Son pelage est de couleur fauve à gris, excepté les pattes et la queue qui sont de teinte dominante noire. Le poids varie en fonction du sexe, de l’âge et des saisons et oscille entre 4 à 6 kg en été et 6 à 10 kg en hiver. Dans les régions où la présence de l’espèce est méconnue, il peut-être confondu avec le raton laveur, même si ce dernier possède une queue annelée moins touffue qui le distingue nettement du chien viverrin.

 
Poids 3 à 10 kg
Longueur tête et corps 50 à 80 cm
Lougueur de la queue 10 à 25 cm
Longévité 6 à 7 ans

 

Activité saisonnière et reproduction

Le chien viverrin est une espèce monogame. La maturité sexuelle est atteinte entre 8 et 11 mois et le rut a lieu en fin d’hiver. Au terme d’une gestation de 61 jours environ, la femelle met bas de 3 à 7 petits, au printemps. Le taux de fertilité et le taux de survie par classe d’âge et de sexe ne sont pas connus.

03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02
Printemps Eté Automne Hiver
        rut
  mise-bas      

 

Maturité sexuelle 8 et 11 mois
Nombre de portée par an 1
Nombre de petits par portée 3 à 7 (moy. 4)
Durée de la gestation 61 jours
Taux de survie juvénile ?
Taux de survie adulte ?
Sex-ratio 50 % - 50 %
Structure des populations 53 à 67 % de jeunes de < 1 an

Activité journalière

L’activité du chien viverrin est principalement nocturne et crépusculaire. C'est le seul canidé chez lequel on a pu observer un arrêt de l'activité en hiver : lorsque la température chute à –10°C environ, il entre en léthargie. Le chien viverrin est très actif comparativement aux autres carnivores aussi bien pendant la nuit que pendant le jour et ceci est en rapport avec son type d’alimentation qui nécessite une recherche prolongée.

Organisation sociale et spatiale

Nocturne et crépusculaire, le chien viverrin vit généralement en solitaire ou en couple, mais on peut parfois le rencontrer en petits groupes familiaux. Le mâle participe activement à l'élevage des jeunes en apportant de la nourriture et certains liens de couple pourraient se prolonger au-delà de la saison de reproduction, mais ce n'est pas une règle générale.

Les estimations de taille de domaine vital varient de 10 à 50 ha au Japon et jusqu’à 100 à 200 ha en Europe.

Régime alimentaire

Le chien viverrin possède un régime alimentaire omnivore qui connaît d’importante variations selon les saisons, les années et l’habitat. Généraliste, il s’adapte facilement aux ressources alimentaires disponibles localement. Il se nourrit aussi bien d’aliments d’origine animale que végétale, quoique généralement, la part carnée prédomine. Dans l’aire d'origine, les aliments les plus consommés sont les insectes et les végétaux. Dans sa zone d’acclimatation européenne, ce sont les rongeurs notamment les campagnols, qui prédominent. Le chien viverrin consomme également des mollusques, des poissons, des amphibiens, des reptiles, des oiseaux et leurs œufs ainsi que des charognes.

Son habitat

L'habitat le plus favorable serait constitué de forêts mixtes à basse altitude avec un sous-bois dense, alternant avec des espaces découverts, près de plans d'eau. Durant la journée, il se repose enroulé sur lui même le plus souvent dans un terrier abandonné de renard ou de blaireau, plus rarement dans une tanière qu’il a creusée lui-même ou encore dans des arbres creux ou des gîtes à même le sol. D’autres abris peuvent être utilisés tels que des blocs de rochers, des greniers à foin ou des tas de branchages.

Les terriers de chien viverrin se distinguent de ceux du renard par une piste d’entrée étroite (moins de 20 cm de large) et par un monticule de terre en éventail devant la gueule du terrier.

Les menaces

A l’échelle nationale, l’étude de l’évolution des aires de présence renseigne sur le statut des populations. A ce jour, les apparitions du chien viverrin en France restent encore marginales et rien ne laisse pressentir une installation durable, à grande échelle et avec des effectifs étoffés de cette espèce en France, dans un avenir proche. Dans les régions Alsace, Lorraine et Franche-Comté, il est probable que certaines données récoltées témoignent de la dispersion d’individus provenant de populations d’Europe centrale. Si tel est bien le cas, le fait qu’aucune population ne se soit développée en une trentaine d’année dans ces régions, alors que le milieu semble favorable à l’espèce, reste mystérieux.

Les causes de mortalités et leurs impacts respectifs sont peu connus. La densité des populations semble fonction des ressources alimentaires et notamment de la présence des Murinés (mulots, rats). L’espèce a également été concernée par l’épizootie de rage (en Finlande notamment) sans qu’il soit possible de préciser si le chien viverrin peut constituer un réservoir indépendant de la rage. Enfin, cette espèce semble sensible à la destruction humaine, directe (chasse, piégeage..) ou indirecte (circulation routière).

Ses Impacts sur le milieu ou les activites humaines

Localement, des prédations sont notées par cette espèce sur les oiseaux en période de nidification ainsi que des dommages occasionnels sur des cultures de melons, vignes et semences de maïs.

Ses indices de presence

Le crâne

L’apophyse angulaire (1) marque une saillie caractéristique qui est séparée de la mandibule par une échancrure profonde en forme de chevron.

De plus, le crâne est symétrique (2) par rapport à l’axe qui joint l’apophyse orbitale du frontal l’apophyse frontale du zygomatique.

Les empreintes et voies

Chaque pied a quatre doigts. L’empreinte des pattes avant est plus grande que celle des pattes arrières : 5 cm de large pour 4,5 cm de long pour l’avant et 4,5 cm de large sur 3,5 cm de long pour l’arrière. Les griffes marquent le plus souvent, permettant de faire la différence avec le chat. La disposition des pelotes digitales, en éventail, rend facile la distinction avec le renard mais augmente le risque de confusion avec un petit chien.

Les fécès

Les crottes sont torsadées et mesurent 5 à 8 cm de long et 1 cm de large.

Bruits et cris

Le chien viverrin émet des aboiements, des grognements et des jappements.

Son statut juridique

Le chien viverrin est une espèce indroduite en France. Elle figure donc sur la lisde des espèces susceptibles d’être classées nuisibles (AM du 30 septembre 1988Télécharger l'arrêté) et sur la liste des espèces chassables (AM du 26 juin 1987Télécharger l'arrêté) sur le territoire européen de la France (pour les autres territoires voir arrêté spécifique).

localisation des informations de chien viverrin EN FRANCE entre 1975 et 2005 (LEGER F. & RUETTE S., 2005)

Un peu de bibliographie...

BOUCHARDY C. & MOUTOU F., 1989. Observer les mammifères sauvages. Edition Bordas. 239p.

CABARD P. & CHAUVET B., 1998. Etymologie des noms de mammifères. Eveil Nature. 239p.

DUCHENE M.J., ARTOIS M., 1988. Les carnivores introduits : Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides Gray, 1834) et Raton laveur (Procyon lotor L., 1758). Société française d'étude et de protection des Mammifères (SFEPM). Encyclopédie des carnivores de France, n° 4 et 6. 47p.

LEGER F. & RUETTE S., 2005. Le chien viverrin en France. Faune Sauvage, 269:4-13.

RUETTE S., 2002. Les petits carnivores, élément de biologie, gestion de l’espèce et de ses habitats. ONCFS. 24 p.

© Virginie CROQUET 2008